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Paiement sans contact mobile : où en est-on en France ? (Apple Pay, PayLib…)

05 janvier 2017
Par Driss Abdi
Paiement sans contact mobile : où en est-on en France ? (Apple Pay, PayLib...)

Payer avec son smartphone est désormais une réalité. Équipé du NFC et d’une application dédiée, vous allez pouvoir laisser votre CB dans votre portefeuille pour payer vos achats. Néanmoins, si la technologie est parfaitement maîtrisée, la multitude de services disponibles a de quoi dérouter le novice. Pas d’inquiétude, on vous explique tout ça.

Disponible depuis plusieurs années au Japon, le paiement sans contact est enfin arrivé en France. Toutes les banques proposent désormais des cartes compatibles, tandis que le smartphone s’y met à son tour. Mais pour ce dernier, le paiement mobile sans contact ne se déploie que très progressivement. La faute à un morcellement des solutions sur mobiles alors que les CB sans contact deviennent la norme. Nous vous avons concocté un dossier pour y voir plus clair.

Comment ça marche ?

Depuis quelques années maintenant, le paiement sans contact rentre lentement, mais sûrement dans nos moeurs de consommateurs français. Pour régler ses achats de moins de 20 euros à l’aide d’une carte ou d’un smartphone – ou plutôt de moins de 30 euros depuis le 1er octobre 2017 -, il suffit de l’approcher du terminal de paiement (le TPE). Le tout sans saisir son code confidentiel à quatre chiffres. En revanche, il n’est pas possible de retirer de l’argent de la sorte à un distributeur.

Paiement sans contact

Cette technologie, qui est disponible depuis des années au Japon, se démocratise dans la plupart des pays, et bien entendu en France. D’après le Groupement des Cartes Bancaires CB, en décembre 2016, ce sont 74,9 millions de transactions sans contact qui ont été réalisées dans l’Hexagone pour un montant de 798 millions d’euros.

Sur l’année, un demi-milliard de transactions a été réalisé, d’après Loys Moulin, le Directeur du développement au Groupement Cartes Bancaires CB. Plus de 46 millions de cartes CB sans contact sont d’ores et déjà en circulation dans l’Hexagone (d’après les derniers chiffres fournis par le groupement des cartes bancaires CB, en octobre 2017), soit 69 % du parc. Sans surprise, c’est surtout à Paris qu’on en trouve le plus. Parmi les cartes bancaires en circulation, plus de 89 % s’avèrent ainsi sans contact.

Visa NFC

Un plafond relevé à 30 euros

On l’a dit, le paiement sans contact est pour le moment limité aux achats de moins de 30 euros, le plafond de paiement, auparavant fixé à 20 euros, ayant été relevé le 1er octobre 2017 pour les nouvelles cartes bancaires mises en circulation. Les autres cartes restent limitées à 20 euros en attendant leur renouvellement.

Du côté des terminaux électroniques de paiement (TPE), une simple mise à jour, déployée avant l’automne, a suffi à les rendre compatibles avec ce relèvement de plafond. Pourquoi une telle démarche quand la base installée grandit doucement, mais sûrement ? Tout simplement dans le but d’accroître le nombre de transactions sans contact. En effet, 60% des transactions sont inférieures à 30 euros, et seulement 40 % à moins de 20 euros.

Montants réservés, pas de panique

Avant de passer en revue les différents moyens de régler vos achats avec votre smartphone, parlons des montants réservés. Ne soyez pas surpris si de temps à autre apparaissent des montants élevés sur votre relevé de compte. Il s’agit en fait de pré-autorisations de débit sur les solutions de paiement par carte bancaire et mobile. Il nous est par exemple déjà arrivé de voir apparaître un retrait de 120 euros pour un plein d’essence de 15 euros seulement !

Paiement sans contact

Pas de panique, toutes les cartes bancaires sont soumises à ces demandes de pré-autorisations, y compris les cartes prépayées. Il s’agit simplement d’écritures comptables. Les établissements (hôtels, automates de stations-service, distributeurs automatiques, etc.) s’assurent ainsi que le solde est suffisant pour couvrir le montant de l’achat. Ce qui veut également dire que si les fonds sont insuffisants, vous ne pourrez pas payer avec votre smartphone, même pour un plein d’essence de 15 euros. Passons maintenant aux multiples solutions d’ores et déjà disponibles en France pour payer en sans contact avec son téléphone portable.

Payer avec son smartphone, c’est possible

Outre les cartes bancaires, il est donc également possible de payer sans contact avec son smartphone. Pour ce faire, celui-ci doit être doté du NFC (Near Field Communication), désormais disponible sur pratiquement tous les modèles, même les plus abordables. Et comme avec les cartes bancaires, le plafond est limité à 30 euros. Au-delà et jusqu’à 300 euros, il faudra saisir son code secret sur le clavier virtuel à l’écran.

Pour ajouter au confort et à la rapidité du paiement sans contact avec le mobile, il n’est pas non plus nécessaire de déverrouiller ce dernier pour valider un règlement de moins de 30 euros. En revanche, alors que le NFC peut fonctionner mobile éteint, aucun paiement ne pourra être validé dans ce cas.

Visa NFC

Dernier détail et non des moindres, le système fonctionne même en l’absence de couverture réseau. De la même façon, rien n’empêche l’utilisateur de téléphoner tout en effectuant un paiement. Toutefois, il faudra tout de même ôter le téléphone de son oreille pendant quelques secondes pour le placer près du TPE. Mais avant de pouvoir régler ses achats avec un smartphone, il est indispensable de disposer d’une application de paiement sans contact. C’est elle qui fera l’interface entre le compte bancaire et le TPE.

Les applications pour payer sans contact

Entre Apple Pay, Android Pay, Samsung Pay, Paylib, etc., les applications de paiement sans contact avec le smartphone ne manquent pas. Dans les paragraphes qui suivent, nous allons nous attarder sur leurs caractéristiques et leurs modes de fonctionnement. Sachez tout de même que le principe est toujours le même, à savoir de centraliser les cartes afin de les utiliser simplement. Les plus grands constructeurs de smartphones ont compris l’intérêt de cette technologie et beaucoup proposent leur solution maison.

Problème, rares sont celles qui sont d’ores et déjà disponibles en France. Pas d’inquiétude toutefois, des solutions tierces viennent pallier ce retard au décollage de Google Pay ou Samsung Pay. Seul Apple s’est déjà implanté dans l’Hexagone avec Apple Pay. Un système qui facilite d’autant plus les paiements sans contact qu’il est non seulement disponible sur iPhone, mais également sur Apple Watch.

Passons maintenant en revue les différentes solutions pour payer sans contact avec son smartphone en France.

Apple Pay

Si les smartphones d’Apple disposent du NFC depuis l’iPhone 6, cette fonctionnalité est bridée, au grand dam des utilisateurs. En effet, le NFC permet non seulement de mettre en œuvre les solutions de paiement sans contact, mais également de faciliter l’appairage entre deux appareils comme un smartphone et une enceinte Bluetooth, par exemple.

Pour Apple, l’intégration du NFC dans l’iPhone est exclusivement réservée à Apple Pay, sa solution de paiement qui est disponible chez nous depuis le 19 juillet 2016. Ce service va de pair avec une carte bancaire Visa ou MasterCard, sous réserve que votre banque soit partenaire. Et c’est là que le bât blesse. À date, seuls les établissements suivants participent au programme : la Banque Populaire (cartes Visa), la Caisse d’Épargne (Visa également), Carrefour Banque (cartes de débit et débit différé Mastercard) et plus récemment la banque BCP, la Banque de Savoie, les Crédits Mutuel de Bretagne, du Massif Central et du Sud-Ouest, Fortuneo et N26. À cela s’ajoutent les services Orange (Orange Bank et Cash), les cartes Ticket Restaurant (Edenred) et les application Lydia, Morning ou Boon, sur laquelle nous reviendrons plus loin. Il faut également noter que la Société Générale a annoncé, fin novembre 2017, la disponibilité prochaine d’Apple Pay pour ses clients.

Apple Pay

À ses débuts fortement limité, Apple Pay s’est ouvert à tous les terminaux de paiement supportant le paiement sans contact par CB standard. Il n’est donc plus question de 4 000 points de vente (les Apple Store, boutiques Orange, Carrefour, Flunch, Simply Market, les stations Total, etc.), mais bien des quelques 613 000 commerçants acceptant les cartes sans contact de type Visa, MasterCard, American Express, Discover ou Interac. Prudent, Apple indique qu’il “se peut que ce logo [paiement sans contact] soit affiché sur un terminal de paiement, alors que le magasin en question ne prend pas encore en charge le paiement sans contact (notamment via Apple Pay)”. La Pomme invite toutefois ses clients à signaler les magasins concernés via un formulaire dédié, afin qu’elle puisse prendre contact avec les commerçants. De plus, Apple ne facture aucun frais supplémentaire et le pictogramme ci-dessus permet d’identifier en un client d’œil les commerçants qui acceptent le paiement avec Apple Pay.

Sur iPhone, iPad, Apple Watch et Mac

La configuration est un jeu d’enfant à condition de disposer d’une carte de paiement, d’une carte de crédit ou d’une carte prépayée émise par l’un des partenaires. Sur l’iPhone (à partir de l’iPhone 6 donc), il suffit de l’ajouter à l’application Wallet dans la section Apple Pay. La saisie des coordonnées bancaires peut se faire manuellement ou en scannant la carte à l’aide de l’appareil photo du téléphone. Avantage d’Apple Pay, le système fonctionne sur smartphone, mais également avec l’Apple Watch, un iPad ou même un MacBook Pro de dernière génération équipé du capteur Touch ID.

Apple Pay

Dans le cas de l’Apple Watch, plus besoin de sortir l’iPhone de sa poche. Il suffit d’appuyer deux fois sur le bouton physique en bas à droite de l’écran puis de placer ce dernier face au TPE. Une vibration viendra valider le paiement et une notification est automatiquement envoyée sur le mobile. L’application Wallet conservera également un historique des achats.

Apple Pay

Touch ID pour sécuriser les achats

Apple Pay tire profit de Touch ID, le lecteur d’empreintes digitales qui est intégré dans le bouton central de l’iPhone, de l’iPad (iPad mini 3 et suivants, iPad Air 2 et iPad Pro 9,7 et 13 pouces), et des derniers MacBook Pro avec Touch Bar. Avec une limite de paiement bien plus importante que les 20 euros du paiement sans contact standard (300 euros en moyenne en fonction des établissements bancaires et des commerces), ce système permet de sécuriser la transaction sans pour autant perdre de temps en saisissant un code secret. Notez qu’avec l’iPhone X, c’est Face ID qui sera chargé de sécuriser les transactions. Il faudra, “Pour utiliser votre carte par défaut, appuyer deux fois sur le bouton latéral” avant de déverrouiller l’appareil.

Sur son site, Apple insiste également sur la sécurité des données. En effet, Apple Pay utilise un numéro propre au terminal et un code de transaction unique. Les numéros de carte ne sont jamais stockés sur l’appareil, pas plus qu’ils ne sont transmis aux commerçants. De la même façon, contrairement à une carte de paiement classique, ces derniers n’ont pas non plus accès au nom du porteur. Enfin, en cas de vol, il est possible de désactiver l’iPhone et Apple Pay à distance par l’intermédiaire d’iCloud grâce à la fonction « Find My Phone ».

Apple Pay

Sur le papier, Apple Pay est donc une solution très attrayante, mais réservée aux utilisateurs d’iPhone. Et encore, tous ne peuvent pas en profiter, la faute à l’attentisme des banques qui semblent suffisamment occupées ou plus intéressées par les CB sans contact. Quoi qu’il en soit, Apple Pay reste accessible, quelle que soit votre banque, par le biais d’applications telles que Boon ou Orange Cash. Nous détaillons ces solutions un peu plus bas.

Paylib, pour les smartphones Android

En attendant l’arrivée d’Android Pay, voire de Samsung Pay pour les utilisateurs des smartphones du géant coréen, les possesseurs de smartphones Android (4.4 et supérieur) peuvent se tourner vers Paylib, compatible avec le paiement sans contact en boutiques depuis la fin 2016. Cette solution de paiement mobile développée en France fonctionne partout dans le monde. En revanche, point de compatibilité avec iOS, Apple ayant bridé le NFC de l’iPhone pour le réserver à sa seule solution maison, Apple Pay.

À l’instar de cette dernière, Paylib permet de payer avec un smartphone, une tablette, mais également un ordinateur. Cette solution regroupe plusieurs banques partenaires telles que BNP Paribas, la Banque Postale, la Société Générale, le Crédit Agricole, Boursorama Banque, Hello Bank!, la Caisse d’Épargne et Crédit Mutuel Arkea. Attention tout de même : selon les banques, toutes les cartes bancaires ne sont pas prises en charge. Ainsi, les clients du Crédit Agricole ne peuvent profiter de Paylib que s’ils détiennent une CB Mastercard ou Maestro, et en sont privés s’ils sont équipés d’une Visa. Attention, certaines banques proposent Paylib pour payer en ligne, mais pas pour payer sans contact depuis un mobile.

Paylib

Quand il est activé, le paiement est disponible dans tous les magasins qui acceptent le paiement sans contact, et sur de nombreux sites de e-commerce dont la liste est disponible ici. La souscription au service est gratuite, mais il faut impérativement être client de l’une des banques partenaires. Avant toute chose, il faut télécharger l’application dédiée de sa banque. Attention à ne pas la confondre celle-ci avec les applications de gestion de compte qui ne prennent pas en compte le paiement.

Sur mobile et sur ordinateur

Comme pour les autres apps, Paylib est associé à une carte bancaire. On conserve donc l’ensemble des services et avantages associés, par exemple le débit différé des opérations, les garanties d’assurance voyage pour les paiements réalisés avec une carte haut de gamme, etc.

Comme toujours, le paiement sans contact se fait simplement en présentant le dos du smartphone au TPE. L’écran doit être allumé et l’application se lance automatiquement. Le service fonctionne même si vous téléphonez ou si vous vous trouvez dans une zone sans couverture réseau. Pour les paiements de plus de 20 euros (ou 30 euros chez les détenteurs de cartes récentes), il faudra saisir un code à quatre chiffres et le plafond est fixé de façon autonome par la banque.

Paylib

Enfin, Paylib est également disponible sur ordinateur. Pour en profiter, le site d’e-commerce doit proposer cette solution de paiement au moment de valider son panier d’achat. Après avoir validé, il faut repasser sur l’application mobile de la banque sur son smartphone ou sa tablette afin de confirmer la commande. Une option One Clic permet d’enregistrer Paylib pour les achats suivants et ainsi de gagner du temps. Les amateurs de cartes de fidélité peuvent quant à eux s’attendre à la généralisation de l’intégration des cartes dans leur application Paylib. Fidall, startup spécialiste et compatible avec 8000 enseignes, s’est en effet associé à la Société Générale afin que ses clients puissent dématérialiser leurs cartes dans l’app. D’autres pourraient suivre, d’autant que Fidall est déjà partenaire du Crédit Agricole.

Boon : Apple Pay « pour tous »

On l’a vu, Apple Pay est réservé aux clients des banques partenaires. La vôtre n’en fait pas partie et vous voulez tout de même utiliser le service pour payer vos achats avec votre iPhone ? Boon est fait pour vous, surtout si vous n’êtes pas client d’Orange pour accéder à Orange Cash. Il s’agit là aussi d’une solution prépayée avec une carte de paiement virtuelle. Il suffit d’ajouter celle-ci au Wallet d’Apple pour bénéficier de tous les avantages d’Apple Pay et notamment Touch ID et la confidentialité des coordonnées personnelles et bancaires. Boon fonctionne en France et à l’étranger avec n’importe quel TPE qui accepte les paiements par MasterCard.

Boon

Combien ça coûte ?

L’application Boon est gratuite pendant les 12 premiers mois puis il vous en coûtera 99 centimes par mois. S’agissant d’une carte prépayée, Boon ne facture pas les rechargements par virement bancaire, mais un délai de deux à trois jours est à prévoir avant de pouvoir disposer des fonds. La recharge par carte bancaire est immédiate et facturée 1 % avec un minimum de un euro. Pour les achats hors zone euro, Boon prélève 1,25 % du montant.

Orange Cash

Orange Cash a l’avantage de fonctionner aussi bien sur iOS que sur Android, et même Windows Phone. Ce service, qui compte 500 000 utilisateurs en France, a été lancé par l’opérateur en partenariat avec Visa et Wirecard, mais accepte aussi bien les cartes Visa que les Mastercard. Il s’agit d’un compte prépayé qui est rechargeable à sa guise pour des paiements sans fil et sans code jusqu’à 20 euros. Le montant maximum par transaction en point de vente est fixé à 250 euros moyennant la saisie du code secret sur l’écran du téléphone.

Orange Cash

Néanmoins, Orange Cash a une contrainte de taille : le service est réservé aux abonnés d’Orange, de Sosh ou de M6 Mobile, y compris avec un forfait bloqué. La mobicarte est exclue du programme. Outre un smartphone NFC, une carte SIM qui est elle-même NFC est indispensable. Celle-ci est fournie gratuitement par Orange. Seuls les terminaux iOS peuvent s’en passer.

Une fois que tous ces prérequis sont remplis, reste à créditer son compte par carte bancaire directement dans l’application, par virement bancaire ou par coupon recharge. Notez également que pour payer avec Orange Cash sur un iPhone, il suffit d’associer son compte au Wallet Apple Pay.

Orange Cash

Des bons plans

Si les rechargements par virement bancaire et d’un compte Orange Cash à un autre sont gratuits, Orange facture 79 centimes pour tous les autres types de rechargement (par carte bancaire, par l’interface web, etc.). Notez également qu’en cas de virement bancaire, il faudra attendre deux à trois jours ouvrés avant de disposer des fonds sur le compte Orange Cash. Le service est bien entendu disponible à l’étranger avec la gratuité des transactions dans la zone euro et une commission de 3 % pour les autres devises.

Enfin, Orange propose des offres géolocalisées avec des bons plans offerts par les partenaires à proximité de l’utilisateur. La plupart des grandes enseignes y participent à l’instar de la Fnac, Monoprix, Ikea, Paul, Flunch et d’autres.

Article rédigé par
Driss Abdi
Driss Abdi
Journaliste