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Test Oculus Go : autonome, abordable… et très convaincant

23 mai 2018
Par Sofian Nouira
Test Oculus Go : autonome, abordable... et très convaincant

En résumé

Dire que l’Oculus Go nous a convaincus tient du doux euphémisme. Nous nous attendions à retrouver un Samsung Gear VR en version autonome, un peu moins bon sur le plan de l’affichage et beaucoup moins cher. Ce qui aurait déjà été très bien. L’Oculus Go se paie le luxe d’être effectivement un Gear VR autonome et abordable… tout en étant meilleur sur le plan technique que son modèle ! En plus de ses capacités en réalité virtuelle, le casque se permet aussi de faire un très bon lecteur multimédia pour les vidéos en 2D, en plaçant un écran géant sous les yeux de l’utilisateur. Même s’il faudra composer avec une finesse d’affichage perfectible dans ce dernier cas de figure. Ajoutez à cela une très bonne ergonomie globale, et vous comprendrez qu’en matière de casque VR portable (avec ou sans smartphone), le Go est loin devant la concurrence à date.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • L’excellent rapport qualité-prix
  • La netteté des images au centre
  • L'ergonomie matérielle globale
  • La navigation à la télécommande
  • La réactivité très correcte de l’ensemble
  • Beaucoup de contenus : il y a de quoi s’occuper
  • Le visionnage de vidéos en 2D...
Les moins
  • … bien que le rendu de ces vidéos 2D manque de finesse
  • La veille consomme beaucoup

Notre test détaillé

En marge de son casque de réalité virtuelle Rift, Oculus a décidé de lancer un second casque plus abordable : le Go. Ce dernier a de plus la particularité d’être autonome, et donc de ne nécessiter ni smartphone ni PC pour fonctionner. Mais, alors qu’il ne semblait se présenter que comme un simple casque low cost, l’Oculus Go n’a pas manqué de nous surprendre (très) agréablement. On vous explique pourquoi.

Oculus est sans conteste le pionnier de la réalité virtuelle moderne. Pourtant, la société rachetée par Facebook a vu surgir un sérieux concurrent avec l’arrivée de HTC et de son Vive au moment même où elle lançait son casque Rift. Néanmoins, ces deux solutions restent très haut de gamme. Même si leurs tarifs respectifs ont baissé en 2018, elles nécessitent un PC puissant pour fonctionner, ce qui ne les rend ni abordables ni pratiques au quotidien. Les deux marques sont arrivées à cette conclusion en même temps puisqu’elles ont chacune annoncé un modèle autonome et moins onéreux. Oculus a dégainé le sien en premier puisque son Oculus Go est le premier à être disponible dans le commerce. C’est donc ce casque autonome que nous testons ici. Signalons qu’à ce petit jeu, Oculus part tout de même avec une sacrée longueur d’avance. La marque américaine s’est en effet associée avec Samsung depuis plusieurs années avec le Gear VR. Le Coréen fournit le casque et le téléphone qui va dedans tandis qu’Oculus s’occupe de toute la partie logicielle. Il dispose donc déjà d’une plateforme pensée pour faire tourner des contenus moins gourmands que ceux dédiés aux casques pour PC. Et c’est logiquement cette plateforme que l’on retrouve dans le Go.

Test Oculus Go

© LaboFnac

Pour le reste, on retrouve des caractéristiques qui font penser à celles d’un smartphone haut de gamme d’il y a deux ans, avec notamment un processeur Qualcomm Snapdragon 821 et 3 Go de mémoire vive. Quant à l’affichage, essentiel pour ce genre de produit, il est assuré par un écran LCD de 5,5″ (Fast Switch), pour une définition WQHD de 2560 x 1440 pixels. Cela assure une densité de 538 pixels par pouce. Signalons également la présence de deux petits haut-parleurs directement dans le casque. Le fabricant promet 2h d’autonomie pour les jeux, et 2h30 pour visionner des médias. Enfin, l’appareil est disponible en deux versions identiques sur tous les points, à l’exception de la mémoire de stockage interne, de 16 Go ou 32 Go.

Ergonomie et fabrication

Oculus a confié à Xiaomi le soin de fabriquer son casque. Bien lui en a pris, car le résultat est une franche réussite. Le Go se présente sous la forme d’un accessoire gris, avec un design tout en rondeur. Le tout s’avère aussi épuré qu’efficace. On apprécié tout particulièrement la légèreté de l’ensemble, avec moins de 500 g sur la balance. Il en résulte un confort vraiment probant, car il est possible de porter le casque assez longtemps sans éprouver aucune gêne liée à sa construction. Nous l’avons testé lors de sessions pouvant atteindre les deux heures, sans aucun problème à noter. Le tout avec des lunettes. Une pièce de caoutchouc appelée, « espaceur » par Oculus permet en effet d’ajouter un espace supplémentaire, pour plus de confort pour les porteurs de lunettes, même assez grandes. À tel point qu’on peut même les oublier puisqu’il nous est arrivé de regarder un film entier de plus d’une heure trente sur le Go avec lesdites lunettes sur le nez, sans sentiment de gêne.

Test Oculus Go

© LaboFnac

Ce qui est une excellente nouvelle puisqu’il n’y a pas de molette ou autre dispositif pour régler les optiques. Petit point à noter toutefois pour les personnes souffrant de problèmes de vue et préférant faire l’impasse sur les lunettes : il est possible de commander auprès du partenaire d’Oculus des verres correcteurs facturés un peu plus de 60 euros pièce. Attention également, les frais de port pour la France approchent des 30 euros.

Un système de sangles réglables à scratch, très simples à manipuler, permet de caler le casque sur votre tête. L’ensemble est parfaitement assemblé et la qualité de fabrication semble très bonne. On apprécie particulièrement l’emploi de tissus résistants et de mousse moulée par injection. Cela permet de limiter la formation d’humidité sur les lentilles. Précisons tout de même que lors de toutes nos séances de tests, la température ambiante n’a jamais dépassé les 25°C.

Test Oculus Go

© LaboFnac

Enfin, un mot sur la télécommande fournie avec l’Oculus Go. Elle reprend la même fonction que le Controller du Gear VR. Elle est en mesure de détecter les mouvements de la main de l’utilisateur. Elle permet donc une navigation très intuitive dans les menus de l’appareil puisqu’il suffit de pointer dans une direction puis de cliquer. Pour plus de précision, cette télécommande intègre aussi une zone tactile cliquable. Quant à la gâchette, elle tombe parfaitement sous l’index, de même que les boutons « home » et « retour » sont facilement accessibles avec le pouce. Bref, il ne faut pas longtemps pour maîtriser ces commandes et utiliser l’accessoire les yeux fermés. Les seuls boutons présents sur le casque permettent de gérer le volume et d’allumer / éteindre l’appareil.

À l’usage

Lorsque nous avons commencé à utiliser l’Oculus Go, nous nous attendions à une expérience grosso modo identique à celle du Gear VR. Ce qui aurait été déjà pas si mal à nos yeux, dans la mesure où la solution de Samsung s’avère autrement plus onéreuse. Nous avions quelques craintes concernant l’écran qui n’est que du LCD, alors que les Gear VR successifs ont toujours pu compter sur des écrans de technologie AMOLED. Mais tuons le suspense tout de suite : l’afficheur du Go nous a vraiment étonnés. Bien qu’il ne révolutionne pas la réalité virtuelle, il se paie tout de même le luxe d’être aussi bon, voire meilleur que les écrans que l’on trouve sur des casques virtuels autrement plus huppés. La technologie « Fast Switch » vantée par Oculus n’est pas qu’un terme marketing. Le fabricant a vraiment réussi à produire un écran LCD à la réactivité sans faille. Une obligation absolue proposer un rendu fluide, qui ne rende pas les utilisateurs malades. Quant à l’angle de vision (FOV) de 110°, il se montre supérieur à ce propose le Gear VR (101°) et le Daydream View (90°). Ajoutez à cela des lentilles d’excellente facture, et vous obtiendrez une expérience globale vraiment plaisante et confortable. Même si les aberrations chromatiques s’invitent toujours de temps à autre. Les images sont bien nettes au centre. Inévitablement, des déformations assez importantes apparaissent sur les bords, mais cela ne gêne pas à l’usage la plupart du temps.

Test Oculus Go

© LaboFnac

Côté performances, le choix d’un Snapdragon 821, soit un chipset pour smartphone vieux de deux ans, n’a pas manqué de prime abord. Mais il ne faut pas oublier qu’ici, toute la puissance de calcul est dévolue à la réalité virtuelle. Il y a certes quelques cas où l’interface mouline de manière assez incompréhensible. Mais dans l’ensemble, le Go se montre réactif à souhait dans la plupart des situations. Surtout dans les applications. Et c’est bien là le principal.

On apprécie aussi de retrouver deux petits haut-parleurs nichés dans les branches du casque. Évidemment, il ne faut pas s’attendre à un rendu exceptionnel. Mais le son stéréo fait tout de même mieux que dépanner, tant que vous ne regardez pas un film à grand spectacle ou que vous ne jouez pas à un jeu vidéo. Pour plus d’immersion et pour un meilleur rendu sonore, le casque fait logiquement un meilleur choix. Mais il faudra opter pour un modèle filaire, car, pour une raison qui nous échappe encore, les casques Bluetooth ne sont pas compatibles… alors que la télécommande y est pourtant reliée en Bluetooth.

Test Oculus Go

© LaboFnac

Néanmoins, tout n’est pas rose avec l’Oculus Go. Son ergonomie est si plaisante qu’on en vient à vouloir le comparer « aux grands ». Et il y a un point assez essentiel sur lequel le Rift et le Vive restent supérieurs au Go : la reconnaissance de mouvements. Le fait que ces systèmes reconnaissent les mouvements du corps aide beaucoup à l’immersion totale dans les contenus. Or avec une reconnaissance limitée à la main, le Go se montre logiquement moins convaincant dans ce domaine. Toutefois, il ne faut pas non plus perdre de vue que l’on parle ici d’un casque à un peu plus de 200 euros seulement.

Quant à l’autonomie, elle ne laissera un souvenir impérissable à personne. Elle reste néanmoins assez raisonnable puisque vous pouvez compter entre deux et trois heures d’utilisation, en fonction du contenu visionné. Pensez à éteindre le casque si vous savez que vous n’allez plus vous en servir dans les heures qui viennent, car la veille a tendance à consommer plus que de raison.

Concluons cette partie par une évidence : la plus grande force de ce casque reste le fait qu’il soit autonome. Ici, pas de smartphone à insérer ou de PC à relier. On enfile le casque, et ça fonctionne. Ajoutée à toutes les autres qualités du produit, cette spontanéité dans l’usage fait que nous nous sommes surpris à utiliser l’Oculus Go beaucoup plus souvent que le Samsung Gear VR.

Interface et contenus

Comme évoqué par ailleurs dans ce test, le Go est très proche du Gear VR par bien des aspects. Ce qui est encore plus vrai à l’heure d’évoquer l’interface et les contenus. C’est en effet Oculus qui se charge de fournir à Samsung l’interface pour ses Gear VR. Il est donc logique de retrouver cette interface quasiment à l’identique ici. Ce qui n’est pas un mal dans la mesure où elle s’avère assez simple à manipuler… une fois qu’on a compris son fonctionnement. Après un petit temps d’adaptation donc, vous naviguerez dedans sans l’ombre d’un problème. Même si quelques soucis d’ergonomie restent à déplorer, comme le fait de devoir passer par l’application sur smartphone pour appairer une manette de jeu avec l’Oculus Go. Cette application est d’ailleurs indispensable pour configurer le casque la première fois. La grande majorité des interactions avec l’appareil s’effectue par le biais de la télécommande. Cette dernière se montre assez précise, et il est possible de la recentrer très facilement qui plus est.

En matière de contenus, la plateforme Oculus Mobile ici présente propose des contenus et des applications quasiment identiques à ceux que l’on trouve sur les Gear VR de Samsung. On trouve donc de nombreuses « expériences », qui ne manqueront pas d’épater la galerie. L’un des principaux reproches faits à la réalité virtuelle actuelle est de ne pas parvenir à proposer suffisamment de jeux et d’applications qui permettent au public de s’immerger de manière crédible des heures durant. Sans rien révolutionner, l’Oculus Go propose tout de même plusieurs jeux capables de retenir l’attention d’un joueur pendant plusieurs heures. On pense notamment à Protocol Zero ou à Eternal Champions, dans des registres différents. Nous conseillons aussi aux amateurs de rétrogaming de jeter un coup d’œil à Oculus Arcade. Cette application vous permet de jouer à d’anciens jeux (Sega, Namco Bandai, Midway) dans un décor de salle d’arcade. Le rendu est assez dingue et on s’y croirait vraiment.

App Oculus

L’application compagnon d’Oculus. © Oculus

Mais c’est surtout du côté de la consommation de média que le petit casque nous a convaincus. Par on ne sait quel tour de passe-passe, Oculus a en effet réussi à atténuer un peu l’effet de grille si handicapant. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ce terme, cet effet de grille est le fait de voir la trame des pixels. L’écran est en effet positionné à quelques centimètres des yeux seulement, pour donner l’illusion d’une réalité qui englobe tout le champ de vision de l’utilisateur. C’est cette proximité qui engendre l’effet de grille, car à une distance aussi faible, les yeux perçoivent les rangées de pixels. Ce qui est loin d’être idéal pour une immersion parfaite. Même si cet effet reste un peu perfectible avec l’Oculus Go, le fabricant a réussi à l’atténuer. Cela représente incontestablement une excellente nouvelle pour la consultation de vidéos. Et pas seulement des vidéos à 360° d’ailleurs. Des applications comme Netflix ou comme le lecteur de vidéos locales offrent la possibilité de lire ces contenus également en 2D. Elles sont alors projetées sur un afficheur géant. Vous vous retrouvez donc devant une sorte d’écran de cinéma sous les yeux, où que vous soyez. Le rendu des films et séries reste perfectible pour ce qui est de la finesse d’affichage. Clairement, on n’a pas l’impression d’être face un téléviseur 4K. Mais le tout reste très correct, et surtout « regardable » sans déplaisir. Quant aux dessins animés et autres animes, ils se paient même le luxe d’offrir un rendu encore plus convaincant. Au final, si vous n’êtes pas trop exigeants sur la finesse des vidéos en 2D, l’Oculus Go fait un redoutable lecteur multimédia portable. D’ailleurs, en l’absence d’application MyCanal dédiée, nous avons configuré notre compte Canal+ directement depuis le navigateur Web de l’Oculus Go. Et, à notre grande surprise, tout à parfaitement fonctionné. Nous avons donc pu visionner toutes les chaînes directement dans le casque.

L’Oculus Store propose également une tonne d’applis de curation de vidéos à 360°, ou encore de visites de lieux remarquables (musées, monuments, nature, etc.), ainsi que beaucoup d’autres expériences diverses et variées. Même si les contenus sont généralement assez courts, de nouveaux font assez régulièrement leur apparition dans la boutique. Il est donc peu probable que le casque finisse par prendre la poussière sur une étagère.

Conclusion

Dire que l’Oculus Go nous a convaincus tient du doux euphémisme. Nous nous attendions à retrouver un Samsung Gear VR en version autonome, un peu moins bon sur le plan de l’affichage et beaucoup moins cher. Ce qui aurait déjà été très bien. L’Oculus Go se paie le luxe d’être effectivement un Gear VR autonome et abordable… tout en étant meilleur sur le plan technique que son modèle ! En plus de ses capacités en réalité virtuelle, le casque se permet aussi de faire un très bon lecteur multimédia pour les vidéos en 2D, en plaçant un écran géant sous les yeux de l’utilisateur. Même s’il faudra composer avec une finesse d’affichage perfectible dans ce dernier cas de figure. Ajoutez à cela une très bonne ergonomie globale, et vous comprendrez qu’en matière de casque VR portable (avec ou sans smartphone), le Go est loin devant la concurrence à date.

Article rédigé par
Sofian Nouira
Sofian Nouira
Journaliste
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