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Test Labo du Fujifilm X-T3 : un appareil APS-C singulier aux performances solides

24 novembre 2018
Par Romain Challand, Marielle Masounave
Test Labo du Fujifilm X-T3 : un appareil APS-C singulier aux performances solides

En résumé

Comme le X-T2 avant lui, le X-T3 bénéficie d’un positionnement particulier, puisque son ergonomie rétro est radicalement différente de ce que l’on a désormais l’habitude de voir sur le marché. Même si les réglages automatiques sont permis, le X-T3 repose sur la manipulation de nombreuses molettes, ce qui pourrait rebuter certains utilisateurs débutants. Toutefois, il s’agit là d’un appareil photo au design travaillé, qui séduira notamment les amateurs d’anciens appareils argentiques grâce à son look “vintage” et à sa qualité de fabrication. Il s’impose également comme un très bon appareil APS-C à objectifs interchangeables, offrant des images de grande qualité et une bonne restitution des détails. Muni d’un viseur électronique très convaincant, d’une rafale solide, d’une foule de filtres créatifs et capable de filmer en 4K à 60 fps, le X-T3 a plus d’un argument pour séduire.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Un look rétro réussi
  • Un viseur électronique excellent
  • Rafale impressionnante
  • Très bonne résolution et homogénéité des images
Les moins
  • Quelques faiblesses en restitution des détails
  • Pas de stabilisation du capteur

Notre test détaillé

Le Fujifilm X-T3 s’est frayé un chemin jusqu’à notre laboratoire de tests techniques, où nous l’avons placé sur notre banc d’essais. Avec sa nouvelle formule interne, le X-T3 est-il aussi convaincant que son aîné ? Réponse dans ce test.

Après avoir séduit avec le X-T2, et surpris avec le X-H1, un hybride en monture X bénéficiant de la stabilisation du capteur et se rapprochant de l’ergonomie des reflex, Fujifilm est revenu à la charge avec le X-T3. Le boîtier fait évoluer la plateforme de la marque vers un capteur CMOS X-Trans 4 couplé au X-Processor 4, qui permet notamment de gagner en réactivité avec un mode rafale qui monte à 20 images par seconde en obturation électronique sans recadrage, contre 14 i/s avec le X-T2. La captation vidéo 4K est désormais possible jusqu’à 60 fps, et l’autofocus passe à 425 points.

Fujifilm X-T3

© LaboFnac

Design, ergonomie, et prise en main

La prise en main

Ce qui fait à la fois la particularité esthétique et la particularité pratique de ce X-T3, c’est l’intégration de molettes, sur la partie supérieure, dédiées au réglage manuel de la sensibilité et de la vitesse d’obturation. Des molettes épaisses, texturées sous le pouce et permettant une utilisation simplifiée. Fujifilm y a intégré des boutons-poussoirs au centre, ce qui permet de verrouiller la molette une fois le réglage fait, et éviter des erreurs de manipulation pendant une séance photographique. À droite, une plus petite molette est quant à elle dédiée à la compensation d’exposition, et son format a été légèrement revu depuis le X-T2, évitant ici aussi des manipulations malencontreuses.

Fujifilm X-T3

© LaboFnac

Par souci de place certainement, Fujifilm a attribué diverses compétences à ces molettes de sensibilité et vitesse. Sur la partie inférieure de celles-ci, il est possible d’effectuer d’autres réglages. La molette de gauche (ISO) sert également au choix du mode de prise de vue, à savoir les différentes rafales, le mode vidéo, ou encore l’exposition multiple. Quant à la molette de droite (vitesse), elle permet également de choisir le mode de mesure d’exposition. Mais où se cache alors le réglage du diaphragme ? Sur le système X de Fujifilm, les objectifs possèdent une bague de diaphragme, ce qu’apprécient certains photographes. Mais il est tout à fait possible de configurer l’appareil pour attribuer le réglage d’ouverture à la molette située entre les touches AE-L et AF-L, par exemple. Une autre molette est située à l’avant et pourra par exemple être assignée à la vitesse.

Fujifilm X-T3

© LaboFnac

À l’arrière du boîtier, Fujifilm a donc joué la carte de la sobriété, avec une partie droite habillée de grip offrant un peu d’accroche. Il nous faut d’ailleurs préciser que le X-T3, tout comme les générations précédentes de l’appareil, n’offre pas une préhension complètement sereine, notamment parce que la poignée n’est que très peu creusée. D’autres hybrides de même gabarit présentent un peu plus de surface de prise en main, ce qui est plus rassurant lorsqu’il faut emmener ce type de boîtier sur le terrain.

Pour en revenir à la face arrière, on y trouve les touches de navigation pour le menu, et un joystick bienvenu pour la mise au point et le choix du collimateur. À côté, l’écran tactile de 3 pouces et environ 1,04 million de points est installé sur charnière. Il peut être orienté de 90 degrés vers le haut, et de 45 degrés vers le bas, ce qui est suffisant pour prendre des clichés en levant l’appareil au-dessus d’un groupe de personnes. Notez qu’un bouton poussoir caché sur le côté gauche de la charnière permet aussi de décoller l’écran de celle-ci et de l’incliner sur le côté, d’environ 45 degrés également.

Fujifilm X-T3

© Labo Fnac

Le X-T3 embarque aussi un viseur OLED de 0,5 pouce et d’environ 3,69 millions de points offrant une couverture d’environ 100 %. Les porteurs de lunettes apprécieront aussi un dégagement oculaire de 23 mm. Le viseur est très lumineux et il est d’ailleurs possible d’en augmenter/baisser la luminosité de 5 EV. Très agréable à utiliser, ce viseur bénéficie aussi d’un bouton “Viewmode” situé à sa droite, et qui permet de basculer entre divers modes de visée : détection oculaire + écran, écran seul, viseur seul. Très pratique lorsqu’on souhaite se passer de la détection oculaire en quelques secondes seulement, et sans besoin d’aller fouiller dans les menus. Pour finir, notez qu’une touche de réglage rapide du mode autofocus est située à l’avant du boîtier, et permet de basculer entre les modes AF-S, AF-C et MF.

Fujifilm X-T3

© Labo Fnac

L’autonomie du boîtier est assurée par une batterie Li-ion NP-W126S, dont l’endurance est évaluée à 390 images. C’est certes dans la moyenne des boîtiers hybrides, mais demandera peut être aux utilisateurs acharnés d’investir dans une seconde batterie.

Connectique

Les connexions sans-fil du X-T3 se font à partir des protocoles Wi-Fi 802.11b / g / n et Bluetooth 4.2 LE. Les connexions physiques se constituent d’un port USB Type-C, d’une sortie mini port HDMI (Type D), d’une sortie casque 3,5 mm, d’une prise microphone, d’un connecteur 2,5 mm pour télécommande. Une prise synchro flash se situe à l’avant du boîtier, et Fujifilm fournit avec l’appareil un flash EF-X8 à fixer sur la griffe porte-accessoires qui surplombe le viseur. Côté stockage, le X-T3 propose deux emplacements SD compatibles UHS-II.

Fujifilm X-T3

© Labo Fnac

Fonctionnalités

Il nous faut ici faire un point sur les fonctionnalités de cet appareil photo, qui propose de nombreux modes particuliers. Toujours présent sur le marché du film argentique, Fujifilm s’en inspire pour proposer des modes de captation hérités des pellicules, et censés reproduire des colorimétries et contrastes particuliers. Dans le menu dédié à la configuration de la qualité d’image, on trouve ainsi un onglet « simulation de film » qui comporte jusqu’à 10 modes : Provia/Standard (mode de base), Velvia (couleurs vives), Astia (couleurs et contraste adoucis), Classic Chrome (couleur douce et ombres contrastées), Pro Neg. Hi (contraste un peu prononcé, pour le portrait), Pro Neg. Std (pour portrait avec dégradés de tons de peau doux), Eterna/Cinema (pour la vidéo), Acros (noir & blanc avec détails riches), Monochrome (noir & blanc), Sepia.

Fujifilm X-T3

© Labo Fnac

Pour rester sur le thème de l’argentique, Fujifilm a aussi installé un « Effet de grain » dans le menu du X-T3, et il est possible d’appliquer un grain faible ou fort aux images. La marque propose également un mode de double exposition plutôt bien fait pour les amateurs de photographies du genre, accessible directement depuis le sélecteur de mode intégré à la molette de sensibilité.

C’est dans le menu de configuration de prise de vue (3) que se cache le réglage de « type de déclencheur », où il est possible d’opter pour le déclencheur électronique silencieux – à condition de désactiver le son dans le menu dédié. Celui-ci offre jusqu’à 20 images par seconde en rafale, sans recadrage. Avec un recadrage de 1,25x, il monte même à 30 images par seconde. Enfin, notez que les paramètres généraux du X-T3 permettent de configurer la connexion sans-fil avec un smartphone, via l’application Fujifilm Camera Remote. Celle-ci est toutefois assez peu ergonomique et on aimerait voir le constructeur travailler sur cet aspect prochainement. Notez cependant qu’il est possible d’installer les nouveaux firmwares de l’appareil photo directement à partir de l’app.

Résolution

Le Fujifilm X-T3 est, rappelons-le, équipé d’un capteur APS-C (23,5 x 15,6 mm) X-Trans CMOS 4 de 26,1 mégapixels. Par rapport au X-Trans CMOS 3, cette version gagne un rétro-éclairage BSI et quatre fois plus de pixels sont dédiés à la détection de phase, soit 2,16 millions. Ce type de capteur X-Trans développé par Fujifilm intègre au passage une matrice de filtres différente de la matrice de filtres Bayer présente sur la plupart des capteurs CMOS. Rappelons cependant qu’il n’est pas stabilisé, contrairement à celui du X-H1, le constructeur cherchant certainement à ne pas cannibaliser les ventes de ce dernier.

Testé avec le Fujinon XF 18-55mm f/2.8-4 R LM OIS (équivalent 28-85 en plein format), le système présente de très bonnes capacités de recadrage, de l’ordre de 60 % sur les focales de 28, 50, ou 70 mm. Cela signifie qu’il est possible de ne conserver que 40 % d’une image sans perte de qualité dans le cadre d’un tirage 20 x 30 cm, ce qui permet d’isoler un sujet sur une photo de groupe, ou recadrer largement sur un élément à l’horizon. C’est même à 85 mm que les capacités de recadrage atteignent 70 %, pratique pour ceux qui cherchent à photographier un sujet lointain. Ces derniers pourront même recadrer sur lui sans trop se soucier d’une éventuelle baisse de qualité.

Comme attendu, c’est au centre de l’image que la qualité est la meilleure, et ce quelle que soit la focale mesurée. Le X-T3 fait également preuve d’une belle homogénéité puisqu’on relève des résolutions semblables, quelle que soit la zone de l’image, à toutes les focales. Ici aussi, c’est au 85 mm que l’image se montre la plus homogène. Notez que le 50 mm est particulièrement probant également.

Restitution des détails

Pour évaluer la sensibilité, nous soumettons notre scène test aux APN afin d’évaluer leur niveau de restitution des détails en situation. Cette scène test se compose de modules avec différentes matières, textures et couleurs, tandis que la situation choisie correspond à un niveau d’éclairement moyen (500 Lux), équivalent à celui d’un salon en lumière tamisée.

Fujifilm X-T3 85 mm

Notre scène test à 85 mm (cliquer pour agrandir) © Labo Fnac

Confirmant les impressions laissées par les mesures de résolution, le X-T3 et son capteur X-Trans offrent une bonne restitution des détails sur l’ensemble des focales évaluées. Certaines matières, telles que la végétation ou les trames de tissus, sont excellemment restituées. Tout n’est pas non plus parfait, et certaines situations mettent plus en difficulté le boîtier, comme la restitution de la gamme de blancs dont les détails sont rapidement effacés et la colorimétrie un peu plus approximative. Rien de dramatique évidemment.

Fujifilm X-T3 tissus 85 mm

La précision est de mise sur les trames de tissus © Labo Fnac

Fujifilm X-T3 85 mm

La restitution de la gamme de blancs manque de précision © Labo Fnac

N’hésitez pas à cliquer sur notre scène test pour l’afficher en pleine page.

Qualités optiques

Le système ici testé ne présente pas de défaut majeur, que ce soit en matière d’astigmatisme ou de distorsion géométrique. Il fait également partie des très bons élèves en matière d’aberrations chromatiques, qui devraient être peu visibles même en cas de recadrage.

Vidéo

Le X-T3 propose également des améliorations côté vidéo, puisqu’il enregistre désormais en 4K à 60 fps pour des rushs de 20 minutes, alors que le X-T2 se contentait de 10 minutes d’enregistrement à 30 images par seconde. Il dispose du mode de simulation de film « ETERNA » cher à la marque. Notez l’enregistrement 4:2:0 10 bits sur carte SD, et la sortie en 4:2:2 10 bits en HDMI vidéo.

Conclusion

Comme le X-T2 avant lui, le X-T3 bénéficie d’un positionnement particulier, puisque son ergonomie rétro est radicalement différente de ce que l’on a désormais l’habitude de voir sur le marché. Même si les réglages automatiques sont permis, le X-T3 repose sur la manipulation de nombreuses molettes, ce qui pourrait rebuter certains utilisateurs débutants. Toutefois, il s’agit là d’un appareil photo au design travaillé, qui séduira notamment les amateurs d’anciens appareils argentiques grâce à son look “vintage” et à sa qualité de fabrication. Il s’impose également comme un très bon appareil APS-C à objectifs interchangeables, offrant des images de grande qualité et une bonne restitution des détails. Muni d’un viseur électronique très convaincant, d’une rafale solide, d’une foule de filtres créatifs et capable de filmer en 4K à 60 fps, le X-T3 a plus d’un argument pour séduire.

Article rédigé par
Romain Challand
Romain Challand
Journaliste
Marielle Masounave
Marielle Masounave
Responsable des tests photo
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