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Anti-vaccins : Facebook s’arme pour lutter contre la désinformation

08 mars 2019
Par Romain Challand
Anti-vaccins : Facebook s’arme pour lutter contre la désinformation

Avec une augmentation des cas de rougeole à travers le monde, et le partage de fausses informations sur sa plateforme, Facebook a décidé de renforcer ses moyens de lutte contre les théories anti-vaccination.

Des soupçons d’ingérence ayant touché certaines élections politiques à travers le monde, en passant par le pullulement d’idées conspirationnistes, les réseaux sociaux mangent aujourd’hui leur pain noir et admettent leur part de responsabilité dans certaines dérives. Et avec ce constat, ils se doivent de mieux contrôler ce qui est publié sur leurs plateformes, comme Facebook qui entend mieux lutter contre la désinformation qui touche la vaccination, et le fait savoir.

 © Pixabay
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Facebook durcit le ton contre les antivax…

Monika Bickert, vice-présidente en charge de la gestion des politiques mondiales chez Facebook, a publié un communiqué de presse le jeudi 7 mars, amorçant une grande bataille contre les antivax. “Nous travaillons pour lutter contre la désinformation concernant les vaccins sur Facebook en réduisant sa distribution et en fournissant aux personnes des informations faisant autorité sur le sujet”. Concrètement, cela va se traduire par plusieurs étapes : la réduction de la visibilité des groupes et des pages qui répandent des informations erronées sur la vaccination dans News Feed et Search, l’invisibilisation de contenus antivax sur les pages Instagram Explore et sur les hashtag connexes, et l’entreprise explore également la possibilité de publier du contenu éducatif sur les vaccins lorsque des personnes sont tombées sur des contenus de désinformation.

Plus important encore, la société californienne se réserve le droit de supprimer les publicités et contenus ciblés répandant des informations erronées sur les vaccins – allant jusqu’à la désactivation des comptes des annonceurs s’il le faut. Facebook indique d’ailleurs se baser sur l’identification de fausses informations faite par des organisations reconnues, telles que l’Organisation Mondiale de la Santé, ou les centres américains de contrôle et de prévention des maladies. Une stratégie assez similaire à celle mise en place sur les Fake News d’actualité, où des journalistes avaient été mis à contribution.

Monika Bickert conclut sobrement son communiqué en précisant que “Facebook est attaché à la sécurité de sa communauté et continuera son travail à ce sujet”.

…dans un contexte de résurgence de la rougeole

Si la firme de Palo Alto prend de telles mesures, c’est aussi parce que ce qui n’était qu’une (méchante tout de même) théorie conspirationniste il y a encore quelques années, fait aujourd’hui des dégâts aux États-Unis et à travers le monde. Dans de nombreux pays, et parfois les plus développés en matière de santé, les taux de vaccination ne cessent de chuter, et certaines maladies éradiquées en profitent pour trouver de nouveaux hôtes accueillants.

 © Pixabay
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C’est le cas de la rougeole, une infection virale éruptive aiguë qui touche essentiellement les enfants, et qui peut s’avérer mortelle. L’UNICEF s’est récemment alarmé de l’augmentation du nombre de cas de rougeole, 98 pays ayant signalé une augmentation sur l’année 2018 comparé à l’année 2017. « C’est une sonnette d’alarme. Nous possédons un vaccin sûr, peu coûteux et efficace contre une maladie hautement contagieuse – un vaccin qui a déjà sauvé des millions de vies tous les ans depuis deux décennies », déclare Henrietta Fore, directrice générale d’UNICEF. « Ces cas ne se sont pas produits en un jour. Les graves épidémies que nous constatons aujourd’hui ont eu lieu et commencé durant l’année 2018, le manque d’action aujourd’hui aura des conséquences désastreuses sur les enfants de demain ».

Aux États-Unis, selon le Center for Disease Control (CDC), 206 cas de rougeole ont été identifiés dans onze États entre le 1er janvier et le 28 février, ce qui représente plus de la moitié du nombre total de cas enregistrés pour l’année 2018 et deux fois ceux de 2017. Dans l’Etat de l’Oregon, plusieurs dizaines de personnes ont contracté la maladie, et la grande majorité de ceux-ci n’était pas vacciné.

En France, rappelons qu’une épidémie de rougeole s’est répandue entre 2008 et 2012, affectant près de 24 000 personnes, dont 10 en sont décédées. Récemment, une famille française a d’ailleurs été mise à l’isolement au Costa Rica, après que le petit garçon de 5 ans a développé les premiers signes de la rougeole, alors que le pays est actuellement en pleine campagne de vaccination. La France fait d’ailleurs partie des plus mauvais élèves d’Europe en ce qui concerne les cas de rougeole recensés.

Article rédigé par
Romain Challand
Romain Challand
Journaliste
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