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Les applications TikTok et WeChat sauvées in extremis aux États-Unis

21 septembre 2020
Par Thomas Estimbre
Un futur système de classification des contenus.
Un futur système de classification des contenus. ©Pixabay

Les applications chinoises TikTok et WeChat ont échappé de peu à un bannissement aux États-Unis. La maison mère de TikTok est parvenue à un accord avec Oracle et Walmart tandis qu’une juge californienne a bloqué l’interdiction de WeChat.

Nouveau rebondissement dans l’affaire TikTok, devenue l’un des symboles – après l’affaire Huawei – de la crise entre la Chine et les États-Unis. Alors que nous évoquions, vendredi dernier, la décision du département du Commerce américain de bloquer le téléchargement de TikTok et WeChat aux États-Unis, les deux applications chinoises ont échappé au bannissement. Un renversement de situation inattendu et rendu possible par des actions diverses.

 © Creative Commons
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L’avenir de TikTok aux États-Unis était en suspens depuis plusieurs semaines et le week-end dernier devait sonner la fin de la présence du réseau social chinois sur le territoire américain. Le président américain, Donald Trump, avait en effet décidé de bannir TikTok et WeChat mi-septembre, arguant que ces applications étaient des menaces pour « la sécurité nationale, la politique étrangère et l’économie des États-Unis ». Concernant l’application phénomène du moment, l’administration Trump souhaitait forcer le chinois ByteDance à se séparer de TikTok. L’objectif était de voir une société américaine mettre la main sur les activités américaines de l’entreprise. Microsoft a longtemps fait figure de favori pour ce rachat, mais ByteDance, le propriétaire chinois de la plateforme, a refusé l’offre du géant américain.

Accord trouvé entre TikTok, Oracle, Walmart… et Donald Trump

Finalement, c’est le groupe californien de logiciels Oracle qui va sauver TikTok avec le soutien de Walmart. L’agence Reuters rapporte qu’Oracle va prendre une participation de 12,5 % dans TikTok Global et les deux sociétés américaines pourront détenir, à terme, une participation de 20 % dans l’entreprise. Cet accord entre les trois sociétés et la création de TikTok Global, qui va regrouper les activités de la plateforme hors de Chine, a été validé par Donald Trump. « J’ai donné ma bénédiction à l’accord », indique le président qui voit dans cet accord la création de 25 000 emplois sur le territoire des États-Unis. À noter que les bonnes relations entre le président américain et Larry Ellison, le fondateur d’Oracle, ont pu faciliter cet accord.

ByteDance se dit « heureux que la proposition de TikTok, Oracle et Walmart résolve les inquiétudes de l’administration américaine liées à la sécurité et règle les questions relatives à l’avenir de TikTok aux États-Unis ». L’agence Bloomberg ajoute que le propriétaire de TikTok souhaite que l’application soit valorisée 60 milliards de dollars dans le cadre de ce rapprochement. Ainsi, Oracle et Walmart pourraient débourser 12 milliards de dollars pour prendre une participation de 20 % dans TikTok Global. L’application évite in extremis son bannissement et devrait pouvoir continuer à opérer aux États-Unis, sans toutefois mettre fin aux tensions avec la Chine. Alors qu’il bat campagne pour sa réélection, cette annonce est également une bonne nouvelle pour Donald Trump, tandis qu’Oracle et Walmart vont pouvoir se diversifier.

La juge Laurel Beeler « sauve » WeChat

Concernant WeChat, la situation est différente et l’application doit son salut à Laurel Beeler. Cette juge californienne a décidé de bloquer, dimanche, le décret par lequel le département du Commerce imposait à Apple et Google (via sa maison-mère Alphabet) de ne plus proposer WeChat au téléchargement sur leurs boutiques d’applications (Google Play pour Android et l’App Store pour iOS). Cette dernière fait savoir que les utilisateurs de WeChat qui ont porté plainte « ont soulevé des questions légitimes sur le bien-fondé du recours au premier amendement [de la Constitution des États-Unis] », rapporte Reuters. Cette décision de justice offre un sursis à la société Tecent Holdings (le géant chinois derrière WeChat), mais qui l’administration Trump pourrait faire appel dans les heures qui viennent.

Article rédigé par
Thomas Estimbre
Thomas Estimbre
Journaliste
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