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Un artiste trompe Google Maps et crée des embouteillages virtuels

04 février 2020
Par Thomas Estimbre
Un artiste trompe Google Maps et crée des embouteillages virtuels

L’artiste berlinois Simon Weckert est parvenu à tromper Google Maps grâce à un chariot de 99 smartphones. Il a créé de faux embouteillages sur le célèbre service de cartographie en ligne, pour mettre en évidence l’impact des technologies numériques. Retour sur cette performance qui a fait réagir les réseaux sociaux.

Certains outils technologiques ont envahi notre quotidien et influencent notre perception du réel. Les applications GPS de nos smartphones et les services de cartographie en ligne tels que Google Maps en font partie, suscitant la curiosité de Simon Weckert. Cet artiste berlinois est parvenu à tromper les algorithmes de l’application de Google, créant de faux embouteillages aux conséquences bien réelles. L’artiste a utilisé un petit chariot rouge et près de 100 smartphones pour profiter de la naïveté de Google Maps, faisant croire au service que le trafic était très dense dans cette zone et supérieur à la normale.

 © Simon Weckert/Google Maps Hacks
© Simon Weckert/Google Maps Hacks

« Les 99 smartphones d’occasion sont transportés dans un petit chariot pour générer des embouteillages virtuels dans Google Maps. Par ce biais, il est possible de faire virer au rouge une rue [habituellement] verte, ce qui a un impact dans le monde physique en incitant les voitures à emprunter un autre itinéraire pour éviter d’être bloqué dans la circulation », explique Simon Weckert sur son compte Twitter. Une expérience simple qui a suffi à perturber le célèbre outil de Google, ce dernier estimant que pas moins de 99 automobilistes étaient présents sur cet axe et se déplaçaient à une vitesse réduite. Une situation qui ne laisse guère de doute à Google Maps, il s’agit d’un embouteillage et les utilisateurs ont tout intérêt à prendre un autre itinéraire. Notons toutefois que l’artiste n’a pas détaillé sa méthodologie.

Comment un artiste a réussi à créer un embouteillage virtuel sur Maps

Derrière cette performance artistique qui met en lumière certaines limites de Google Maps, l’artiste berlinois souhaite démontrer l’influence de la technologie sur notre perception du réel. Simon Weckert évoque cette performance baptisée Google Maps Hacks sur son site et sur les raisons qui l’ont poussé à réaliser cette expérience. Il explique : « Google Maps apporte des modifications virtuelles à la ville réelle. Des applications telles que ‘Airbnb’ et ‘Carsharing’ ont un impact immense sur les villes : sur leur marché du logement et leur culture de la mobilité, par exemple. Il y a également un impact majeur sur la façon dont nous faisons des rencontres, grâces à des plateformes de rencontre telles que « Tinder » et sur notre mesure de soi, grâce à une application comme « nike ». Ou encore les applications de livraison de repas comme « deliveroo » ou « foodora ».

« Toutes ces applications fonctionnent via des interfaces avec Google Maps et créent de nouvelles formes de capitalisme numérique et de marchandisation. Sans ces cartes, les systèmes de covoiturage, les nouvelles applications de taxi, les systèmes de location de vélos et les services d’agences de transport en ligne comme ‘Uber’ seraient impensables », ajoute-t-il avant de faire référence aux voitures autonomes, un domaine où « là encore, Google s’est déjà positionné ».

Google s’amuse de cette performance

Google Maps fêtera ses quinze ans dans quelques jours et s’est imposé comme l’un des services phares du géant américain. Ce dernier a d’ailleurs réagi à cette performance. « Que ce soit avec une voiture, avec un chariot ou avec un chameau, nous adorons voir des utilisations créatives de Google Maps qui nous aide à rendre l’application meilleure jour après jour », a expliqué la firme californienne à 9to5Google.

Le géant du web a également confirmé au service CheckNews de Libération que « Google Maps a réagi comme il le devait ». Une source interne à la société ajoute : « Quand il y a 99 smartphones qui avancent doucement dans une rue, il y a toutes les chances qu’elle soit encombrée. Ici, on a cherché à biaiser le système. Que quelqu’un mette volontairement des téléphones dans un chariot, c’est un cas éminemment rare (…). Ensuite, la situation se rétablit en quelques secondes. La data de trafic, c’est une chose sur laquelle on travaille encore. Dans certains pays, on a mis en place des solutions qui permettent de détecter si la personne est sur une voiture ou plutôt une moto par exemple ».

Pour éviter que ce genre de situation ne se reproduise, on peut néanmoins s’attendre à ce que Google procède à quelques ajustements dans les mois qui viennent. À noter que l’application Waze – qui appartient également à Google – est régulièrement la cible de faux signalements.

Article rédigé par
Thomas Estimbre
Thomas Estimbre
Journaliste
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