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Huawei confirme la vente de sa division Honor à un consortium chinois

17 novembre 2020
Par Thomas Estimbre
Huawei confirme la vente de sa division Honor à un consortium chinois

Face aux pressions américaines, Huawei confirme la vente de sa division Honor à un consortium chinois. Une décision qui doit permettre à la marque « d’assurer sa propre survie ».

Comme évoqué depuis plusieurs jours, Huawei va céder sa marque fille Honor à un consortium chinois, annonce le géant des télécoms dans un court communiqué. L’entreprise basée à Shenzhen, qui figure parmi les trois principaux fabricants de smartphones au monde, confirme que les sanctions américaines sont à l’origine de cette décision. « Les activités grand public de Huawei ont été soumises à d’énormes pressions ces derniers temps. Cela est dû à l’indisponibilité persistante des éléments techniques nécessaires à notre activité de téléphonie mobile », explique la firme qui fut numéro un mondial au deuxième trimestre. Selon Huawei, cette « vente aidera les vendeurs et les fournisseurs de la marque Honor à traverser cette période difficile ». Les conditions financières de la transaction n’ont pas été divulguées par le fabricant.

 © Laure Renouard / LaboFnac
© Laure Renouard / LaboFnac

Lancée en 2013, Honor s’est rapidement fait un nom en s’orientant vers les jeunes et les petits budgets. En France, la marque a régulièrement proposé des modèles capables d’offrir un rapport qualité-prix difficile à concurrencer et vient de lancer le Honor 10X Lite. Huawei annonce que sa marque fille a été achetée par Shenzhen Zhixin New Information Technology, un consortium composé de « plus de trente » entreprises chinoises. Selon TechCrunch, on retrouve des entreprises soutenues par le gouvernement ainsi que des partenaires de distribution et des fournisseurs d’Honor. « Cette démarche a été effectuée par la chaîne industrielle de Honor afin d’assurer sa propre survie », explique Huawei. Après la vente, le géant chinois confirme qu’il ne détiendra aucune action et ne sera plus impliqué dans la gestion ou les prises de décision de la nouvelle entreprise.

Contrairement aux premières rumeurs, Reuters indique désormais que Digital China ne fait « pas partie du groupe final d’acquéreurs ». L’agence rapporte également que le gouvernement américain « n’aurait aucun motif pour appliquer des restrictions à Honor » une fois cette dernière sortie du giron de Huawei. Une thèse qui accrédite la version du fabricant qui évoque la survie d’une marque qui expédie selon Huawei quelque 70 millions de smartphones par an.

Quel avenir pour Honor et Huawei ?

Alors que Huawei tente de se maintenir en misant sur le haut de gamme, l’avenir s’était assombri pour Honor. Présente en Occident, la marque doit faire face à une concurrence rude sur son segment avec des rivaux tels que Samsung (via les Galaxy A) ou Xiaomi. Ces deux marques ont l’avantage de pouvoir disposer des services Google – prisés en Europe -, ce qui n’est plus le cas pour les marques de Huawei. Honor est en effet logé à la même enseigne que sa maison-mère et fait face aux mêmes difficultés. Libérée de Huawei, la filiale pourrait retrouver des couleurs dans les mois qui viennent grâce à une équipe inchangée et un développement qui ne sera pas affecté.

De son côté, Huawei risque de revoir ses ambitions à la baisse sur le marché du smartphone. Le groupe ambitionnait de devenir le numéro un mondial et a atteint son objectif au deuxième trimestre 2020. Toutefois, il n’a pu se maintenir à cette place et la perte de Honor ne devrait pas lui permettre de tenir tête à Samsung ou Apple. Huawei devra également regarder derrière lui avec des marques qui progressent rapidement comme Xiaomi. Néanmoins, cette opération doit lui permettre de renflouer ses caisses même si le montant de l’opération n’a pas été dévoilé. Selon Reuters, elle pourrait être évaluée à 100 milliards de yuans, soit 12,9 milliards d’euros.

Huawei pourrait garder un œil sur sa marque fille

En libérant sa filiale, Huawei lui offre la possibilité de se relancer et cela pourrait faire les affaires du groupe chinois. Notre confrère de TechCrunch, Rita Liao, explique que le consortium en passe de mettre la main sur Honor ne devrait pas s’opposer à un éventuel rachat si Huawei le souhaitait un jour compte tenu des relations privilégiées qu’il entretient avec les entreprises qui le composent. Reste toutefois à voir si Honor parviendra à remonter la pente pour qu’il y voit un intérêt, mais aussi comment évoluera la situation de son côté, avec HarmonyOS notamment.

Article rédigé par
Thomas Estimbre
Thomas Estimbre
Journaliste
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