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Le Pentagone déchire le contrat JEDI à 10 milliards de dollars avec Microsoft

07 juillet 2021
Par Thomas Estimbre
Le Pentagone déchire le contrat JEDI à 10 milliards de dollars avec Microsoft

Le juteux contrat cloud “JEDI” a finalement été annulé par le Pentagone. Attribué à Microsoft, il faisait l’objet d’une âpre bataille judiciaire et de débat chez les employés de plusieurs géants de la Tech.

Microsoft pensait sans doute avoir fait le plus dur en remportant le contrat JEDI en octobre 2019. Qualifié de “contrat du siècle”, ce projet de cloud militaire appelé  JEDI (pour Joint Entreprise Defense Infrastructure) a finalement été annulé par le Pentagone. Dans un communiqué, un porte-parole du ministère de la Défense explique qu’“en raison de l’évolution des exigences, de la maîtrise accrue du cloud et des avancées du secteur, le contrat JEDI ne répond plus à [ses] besoins”. L’argument des autorités américaines est recevable, mais la décision d’annuler ce mégacontrat s’explique également par les tensions entre la filiale cloud d’Amazon (AWS) et Microsoft depuis plusieurs mois. Attribué à Microsoft fin 2019, le juteux contrat était au cœur d’une bataille judiciaire et Amazon avait rapidement contesté la décision.

 © The Pentagone
© The Pentagone

Selon le géant du e-commerce, le fait de choisir de Microsoft était avant tout lié à l’aversion de Donald Trump pour Jeff Bezos, l’ex-PDG d’Amazon. L’ancien Président américain aurait fait pression pour empêcher celui qui est aussi propriétaire du Washington Post de remporter la bataille. Amazon WEB Services (AWS) était en effet présenté comme le grand favori pour signer ce contrat. Cette contre-attaque avait poussé la justice américaine à suspendre le contrat en février 2020, avant que le département de la Défense ne confirme son choix en septembre dernier.

Évoqué depuis 2018, le contrat JEDI avait pour ambition de moderniser les opérations du numérique du Pentagone en transférant d’énormes quantités de données vers un système de stockage dans le cloud. Plusieurs géants de l’informatique comme Google ou encore Oracle s’étaient montrés intéressés. Le sujet faisait d’ailleurs l’objet de contestations de la part de certains salariés, ce qui avait poussé la maison-mère de Google à se retirer de l’appel d’offres. Alphabet ne faisait par ailleurs pas partie des favoris, contrairement à Microsoft. La firme de Redmond était passée outre les protestations de certains de ses employés pour remporter le contrat.

Washington a toujours besoin de Microsoft

Cité par l’AFP, Dan Ives, spécialiste du secteur technologique pour le cabinet Wedbush, explique que le renoncement du Pentagone permet “de mettre fin à un feuilleton à rebondissements de plusieurs années qui a mis le contrat JEDI sur pause”. Les autorités américaines ont toujours besoin de modernisation et de transformations numériques. Cette situation va pousser le Pentagone à lancer un autre appel d’offres auquel Microsoft et AWS sont invités à participer. Les deux géants sont considérés comme “les seuls capables de répondre à ces besoins”, mais le ministère de la Défense ne ferme pas la porte aux autres entreprises. Il indique qu’il va “poursuivre ses études de marché pour déterminer si d’autres, basés aux États-Unis”, sont susceptibles de répondre à ses exigences.

Microsoft a réagi à cette déclaration et assure comprendre la décision du Pentagone d’annuler le contrat JEDI, rapporte CNBC. La firme de Redmond rappelle au passage qu’elle continue de collaborer avec l’armée américaine en développant une version militaire de son casque Hololens 2. Ce contrat estimé à 21,9 milliards de dollars sur dix ans et prévoit notamment la livraison de 120 000 casques.

Article rédigé par
Thomas Estimbre
Thomas Estimbre
Journaliste
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