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Tim Cook estime que l’UE pourrait “détruire la sécurité de l’iPhone”

17 juin 2021
Par Thomas Estimbre
Tim Cook estime que l’UE pourrait “détruire la sécurité de l’iPhone”

Avec le Digital Services Act (DSA) et le Digital Markets Act (DMA), l’Union européenne veut mieux encadrer les activités des Gafam. Une mesure qui n’est pas du goût de Tim Cook : le patron d’Apple redoute le projet et assure que ces textes sont à même de “détruire la sécurité de l’iPhone”.

Relativement épargné par la Commission européenne, qui l’a longtemps considérée comme une “grande entreprise” et non comme une “société dominante”, Apple n’échappe plus au viseur de Bruxelles depuis quelques mois. Ses rapports compliqués avec Spotify ont conduit l’exécutif européen à s’intéresser à la situation d’Apple Music, et la firme se sent désormais menacée par les projets de règlements Digital Services Act (DSA) et Digital Markets Act (DMA). Ces textes ont pour but de “mettre fin à l’irresponsabilité des géants du numérique” que sont les Gafam (acronyme pour Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft). L’Europe des 27 veut durcir le ton, et Tim Cook a profité du salon VivaTech pour donner son avis sur ces mesures en cours d’élaboration.

 © Creative Commons
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Interrogé par Guillaume Lacroix, CEO du média Brut, le patron d’Apple estime (à partir de 10 minutes et 10 secondes) qu’il y a eu de “bonnes réglementations” en Europe, comme le RGPD, et rappelle que sa firme a soutenu ce projet. En revanche, Tim Cook se montre beaucoup plus critique à l’égard du projet de règlement sur les marchés numériques (DMA), qui risque selon lui de “détruire la sécurité de l’iPhone”. Il fait notamment référence au fait que le DMA forcerait Apple à autoriser le sideloading sur l’iPhone et l’iPad, c’est-à-dire l’existence d’alternatives à l’App Store. Cette possibilité existe déjà sur Android, mais pas chez Apple, qui préfère garder la main pour des raisons de sécurité, considérant que télécharger des applications en dehors des stores officiels présenterait le risque d’introduire sur son appareil des logiciels malveillants. L’App Store est donc l’unique magasin d’applications sur les appareils de la marque à la pomme, qui entend voir perdurer cette situation.

“Le DMA nous contraindrait au sideloading sur les iPhone […] Je pense que cela détruirait la sécurité offerte par l’iPhone et les initiatives de respect de la vie privée que nous avons intégrées à l’App Store. [Avec le sideloading] il n’y aurait plus ça, sauf pour les utilisateurs qui resteraient au sein de notre écosystème », explique Tim Cook. Il ajoute que certaines mesures du projet “ne sont pas dans le meilleur intérêt des utilisateurs” et se dit “très inquiet au sujet du respect de la vie privée et de la sécurité”. Tim Cook s’autorise même une comparaison avec la concurrence en prenant l’exemple des malwares, (logiciels malveillants et virus) : “Android a 47 fois plus de malwares qu’iOS. Pourquoi ? Parce que nous avons créé iOS de sorte à ce qu’il y ait un App Store et que toutes les applications fassent l’objet d’une vérification avant d’être intégrées. Cela permet d’éviter et de repousser les malwares.”

Sans surprise, Apple prend part au débat en l’orientant vers la sécurité plutôt que sur son modèle économique. L’absence d’alternative est un avantage pour Apple, qui impose des règles strictes et des commissions pour la distribution d’applications. Ce comportement est jugé monopolistique par plusieurs éditeurs comme Facebook, Spotify et surtout Epic Games (à l’origine du jeu Fortnite).

Article rédigé par
Thomas Estimbre
Thomas Estimbre
Journaliste