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Test de Darksiders III : La méthode Fury

01 décembre 2018
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test de Darksiders III : La méthode Fury

En résumé

En opérant une remise en question qui n’était pas forcément nécessaire, Darksiders III semble avoir quelque peu perdu de vue l’ADN de la série, comme s’il voulait brider son originalité pour se conformer aux standards du genre. Pas sûr que les fans s’y retrouvent, même si l’envie d’aller jusqu’au bout est tenace et que les différentes formes de Fury relancent régulièrement l’intérêt de la progression.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Le retour de la franchise avec une héroïne au caractère bien trempé
  • La chasse aux sept péchés capitaux et son dénouement
  • Des situations qui se renouvellent grâce aux pouvoirs des abysses
  • Une approche plus exigeante qui cherche à redéfinir les combats
  • Le level design pensé pour former un ensemble interconnecté
  • Dialogues intégralement doublés en français
Les moins
  • Des lacunes techniques critiques (fréquentes chutes de framerate sur PS4)
  • Une progression trop linéaire à cause du radar qui nous guide en permanence
  • Un « cavalier » privé de sa monture dès l'introduction !
  • Des combats moins fun que dans les volets précédents
  • L'évolution de Fury repose uniquement sur les 4 formes des abysses
  • Les contraintes liées à l'utilisation des objets durant les combats
  • À peine quinze heures de jeu pour en voir le bout

Notre test détaillé

Des quatre Cavaliers de l’Apocalypse régissant l’univers de Darksiders, deux attendaient encore patiemment l’instant de gloire qu’on leur avait promis. Avec ce troisième opus, Guerre et Mort passent enfin le relais à Fury qui se substitue à la Famine du Nouveau Testament pour régler leur compte aux incarnations des Sept Péchés Capitaux.

Ranimée à l’initiative de Gunfire Games, studio au sein duquel se trouvent d’anciens membres de l’équipe de Vigil Games à qui l’on doit les premiers volets de la série, Darksiders fait son retour au travers d’un troisième opus ayant longuement cristallisé les attentes des fans. Il faut dire que la formule éprouvée à l’origine conférait presque au tout premier Darksiders des allures d’improbable chaînon manquant entre God of War et Zelda, mixant action jubilatoire et énigmes astucieuses pour un résultat unanimement plébiscité. Mais depuis, le temps a passé et les concepteurs de Darksiders III ont estimé nécessaire de remettre en question quelques-uns des fondamentaux de la série, au risque de déconcerter les habitués.

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Fury sans Carnage

Privée de sa monture dès l’introduction, alors même que l’un des teasers du jeu mettait justement le destrier noir Carnage à l’honneur, l’impétueuse Fury a toutes les raisons de voir rouge. Le joueur aussi, du reste, tant cela implique une aventure aux proportions plus réduites que prévu, située dans des environnements restreints à parcourir uniquement à la force des jambes. Rien de grave, cela dit, dans la mesure où ce volet mise tout sur sa construction à la « metroidvania », s’articulant autour de zones interconnectées pour former un grand tout. Si le concept n’est pas nouveau, l’idée a le mérite de coller parfaitement avec l’acquisition régulière de diverses transformations conférant à Fury des pouvoirs susceptibles d’étendre son exploration. Les quatre formes des abysses lui permettront par exemple de marcher sur l’eau ou de se laisser porter par les courants ascendants, élargissant ainsi régulièrement ses horizons.

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Map vs GPS

Pourtant, au lieu de se contenter de respecter les ficelles du genre en nous offrant une map propice à la recherche de passages secrets pouvant renfermer d’innombrables bonus, le titre opte pour un simple radar indiquant le chemin à suivre pour atteindre le prochain objectif. Dans les faits, cela nuit considérablement au plaisir de jeu et condamne l’intérêt de l’exploration en guidant constamment le joueur sur les rails d’une progression trop linéaire. Conséquence, tout s’enchaîne très rapidement pour nous mener vers un dénouement qui survient après seulement une quinzaine d’heures de jeu. Une ambition qui nous paraît insuffisante pour un épisode de l’envergure de Darksiders, même si la collecte de l’ensemble des bonus cachés pourra décupler cette durée de vie pour le moins réduite.

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Sept péchés, sept victimes

L’essentiel du déroulement de Darksiders III s’articule logiquement autour de la traque des créatures malveillantes présentées comme l’incarnation des Sept Péchés Capitaux. Sans aucun doute, la confrontation avec ces boss qui prennent un malin plaisir à se jouer de Fury constitue le point d’orgue de l’expérience offerte par cet épisode. Ultra confiante en ses propres capacités, la manieuse de fouet ne se prive jamais de réagir au quart de tour à la moindre provocation, ses réactions lors des cutscenes apportant un piment certain à la narration. Entièrement doublé en français, Darksiders III se montre hélas nettement moins efficace au niveau purement visuel. Très en retard sur le plan technique, avec de fréquentes chutes de framerate rencontrées sur la version PS4, le soft ne brille clairement pas par la qualité de ses environnements, même si sa direction artistique sauve les meubles. La gestion des sauts est approximative et le manque de fluidité global compromet l’efficacité des affrontements qui exigent pourtant une gestion millimétrée du timing dans l’exécution des contre-attaques.

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L’influence des Souls

Empruntant certaines idées à Dark Souls, le jeu se montre en effet plus exigeant que ses prédécesseurs, quitte pour cela à se rendre moins intuitif. La mort ramène irrémédiablement notre compteur d’âmes à zéro et, bien qu’il soit généralement possible de les récupérer, la sanction peut être terrible. Lors des joutes, tout est question d’esquives et de contre-attaques, la parade étant inexistante et les combos limités à leur plus simple expression. Face aux boss, la victoire/défaite repose trop souvent sur la réussite ou l’échec de la prise des objets de soin dont le créneau d’activation se révèle extrêmement délicat dans le feu de l’action. Enfin, l’évolution du personnage repose uniquement sur l’amélioration des armes relatives aux différentes formes des abysses, la montée de niveau entraînant simplement une augmentation des statistiques de base de Fury. L’aspect RPG est donc peu présent dans cet opus qui peine à livrer une expérience aussi divertissante que ses aînés, en dépit d’une construction cohérente et de quelques rebondissements sympathiques sur le plan narratif. Mis bout à bout, les défauts de Darksiders III pourront rebuter les joueurs les moins patients mais on conseillera néanmoins à ces derniers de persévérer tant le titre gagne en aspérité à mesure qu’il nous entraîne vers sa fin.

Conclusion

En opérant une remise en question qui n’était pas forcément nécessaire, Darksiders III semble avoir quelque peu perdu de vue l’ADN de la série, comme s’il voulait brider son originalité pour se conformer aux standards du genre. Pas sûr que les fans s’y retrouvent, même si l’envie d’aller jusqu’au bout est tenace et que les différentes formes de Fury relancent régulièrement l’intérêt de la progression.

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