Test

Test de Castle of Heart : Un avant-goût de l’enfer

04 avril 2018
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test de Castle of Heart : Un avant-goût de l'enfer

En résumé

Autant à cause de sa jouabilité désastreuse que de sa difficulté indécente, Castle of Heart est un titre extrêmement démotivant qui ne donne jamais la moindre envie de recommencer une zone pour tenter de collecter tous les trésors enfouis. A moins que vous ne souhaitiez vous faire du mal, laissez donc cet horrible Castle of Heart se pétrifier de lui-même dans l’oubli.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • L'idée d'une course contre la montre dans un univers gothique ?
Les moins
  • La lenteur des animations, digne d'un Dragon's Lair
  • Le manque cruel de lisibilité des décors
  • Des stages trop longs qui donnent juste envie de rusher
  • Le « par cœur » des phases de glisse
  • La difficulté décourageante car inadaptée à l'atrocité des contrôles
  • L'idée de perdre son bras quand rien ne va plus, était-ce vraiment nécessaire ?
  • La réalisation graphique et sonore affreuse (en particulier les bruitages)
  • Des plantages aux pires moments du jeu

Notre test détaillé

Annoncé en exclusivité sur Switch, Castle of Heart avançait au départ la vague promesse d’offrir une expérience hardcore aux allures de Dark Souls en 2,5D. Clarifions les choses dès à présent, il n’en est absolument rien !
(Ce test a été réalisé sur Nintendo Switch.)

Dans un contexte médiéval fantastique où chevaliers et magiciens cohabitent, un sorcier guidé par des intentions maléfiques étend son pouvoir sur un domaine qu’il convoite, changeant tous ses habitants en pierre. Seuls les êtres les plus vils ont été épargnés par le sortilège, venant renforcer d’autant les rangs de l’ennemi. Quelque part, un héros assiste à l’enlèvement de sa dulcinée par le sorcier et échappe de justesse à la pétrification totale grâce aux larmes de sa bien-aimée. C’est justement ce vaillant chevalier que nous incarnons dans Castle of Heart, un jeu d’action/plate-forme aux rouages à l’ancienne qui revêt la forme d’une course perpétuelle contre la montre. Car plus le temps s’écoule, plus la jauge de vie de notre héros diminue, son extinction totale conduisant irrémédiablement au game over.

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Fatalité

Présenté ainsi, Castle of Heart dégagerait presque quelque chose d’attirant, un peu comme la promesse de nous offrir une alternative à un Castlevania, certes moins ouvert, mais tout aussi gothique et exigeant. Pourtant, quelques minutes suffisent à entrapercevoir le gouffre qui sépare le titre de 7levels de celui qui pourrait bien être un de ses lointains modèles. Frappante, la lenteur des animations qui traduisent les mouvements de notre personnage renvoient en effet davantage à des références nettement moins prestigieuses, l’ancêtre Dragon’s Lair en tête.

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Pour vous donner une idée, dites-vous qu’au lieu de simplement songer à implémenter des frappes vers le haut, les concepteurs ont préféré nous obliger à placer des attaques sautées, sans se rendre compte du décalage flagrant entre le moment où l’on presse le bouton et celui où le personnage répond. Plus parlant encore : les coups portés à l’ennemi ne semblent pas avoir le moindre effet sur eux, les monstres ripostant comme si de rien n’était, ce qui réduit les combats à de simples bras-de-fer sans intérêt. Et il ne s’agit là que d’un maigre aperçu de toutes les lacunes ludiques dont souffre ce titre conçu par une équipe qui ne semble visiblement pas avoir su tirer les leçons de ce que les autres représentants du genre ont pris la peine d’apporter ces trente dernières années.

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Hérésie

Poussif, laborieux, proche du calvaire, le gameplay de Castle of Heart ne cherche pas, à la base, à lorgner du côté du die & retry, mais ses mécaniques se révèlent si peu concluantes que le jeu ressemble en définitive à un interminable recommencement. La profusion de checkpoints n’est pas anodine tant l’impossibilité de jouer proprement rendrait tout espoir de victoire caduque sans l’omniprésence de ces points de passage qui ont la bonté de restaurer l’intégralité de notre jauge de vie pour nous inciter à persévérer.

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Permanent, le manque cruel de lisibilité des décors rend la lecture des niveaux extrêmement délicate, tant les environnements ternes masquent tous les indices visuels censés nous permettre de détecter les embûches à l’avance pour tenter d’anticiper nos actions. Souvent inévitables, les échecs successifs nous obligent à apprendre la configuration du level design quasiment par cœur, notamment lors des phases de glisse où le temps de réaction du personnage réduit considérablement nos chances de réussite. Le reste du temps, la disposition des pièges se montre tellement vicieuse qu’on se demande parfois si certains obstacles peuvent réellement être évités tout court !

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Souffrance

Éprouvants et beaucoup trop longs, les niveaux ressassent inlassablement les mêmes types de situations, le tout agrémenté de bruitages tout simplement atroces qui se marient finalement assez bien avec la laideur des graphismes du jeu. Au moins aussi loupée que la plate-forme, avec ses sauts à l’inertie trompeuse, l’action se résume à du matraquage de boutons face à des ennemis décérébrés qui tentent de compenser leur absence d’intelligence par une stratégie de débordement systématique. Résultat, la pénibilité du jeu nous incite davantage à éviter nos adversaires qu’à les combattre, et ça marche ! Les combats sont en effet à ce point ratés qu’il vaut mieux rusher directement vers la sortie en sautant entre les pièges plutôt que de batailler inutilement en risquant la saturation. Cette approche-là fonctionne généralement beaucoup mieux dans le sens où la perte constante de l’énergie vitale du héros ne permet pas de s’attarder plus de quelques secondes au même endroit. Surtout lorsqu’on réalise que notre protagoniste perd son bras, et donc ses facultés, à chaque fois que son énergie atteint un seuil critique.

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Désespoir

Pour faire bonne figure, les développeurs ont camouflé une poignée de cachettes secrètes dans certains recoins des niveaux, mais c’est bien la seule chose que l’on débusque à des kilomètres en dépit du manque global de lisibilité des environnements. Les armes secondaires qui se trouvent généralement à l’intérieur, notamment les bombes, constituent d’ailleurs notre meilleure chance de survie dans les situations les plus désespérées. Arbalètes et autres couteaux de lancer seront également les bienvenus face aux boss, en espérant que vous ne soyez pas, comme nous, victime d’un plantage malencontreux à deux doigts de la victoire…

Conclusion

Autant à cause de sa jouabilité désastreuse que de sa difficulté indécente, Castle of Heart est un titre extrêmement démotivant qui ne donne jamais la moindre envie de recommencer une zone pour tenter de collecter tous les trésors enfouis. A moins que vous ne souhaitiez vous faire du mal, laissez donc cet horrible Castle of Heart se pétrifier de lui-même dans l’oubli.

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