Test

Test de South Park L’annale du Destin : L’efficacité au détriment de l’humour

17 octobre 2017
Par Hung Nguyen
Test de South Park L'annale du Destin : L'efficacité au détriment de l'humour

En résumé

Particulièrement bon et plaisant pour un jeu à licence, South Park : L’Annale du Destin nous laisse néanmoins sur un sentiment partagé. D’un côté, on est ravi de trouver un RPG accessible, bien fignolé, et plutôt fidèle au dessin animé aussi bien dans l’esprit que dans l’esthétique. De l’autre, on déplore son humour un peu facile qui tourne beaucoup trop autour des pets, des flatulences et autres prouts. La série a prouvé à maintes reprises qu’elle était capable de se lancer dans une critique drôle et pertinente de notre société. On aurait aimé que le jeu lui emboîte le pas.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • L’impression d’être devant la série
  • Certaines vannes irrévérencieuses
  • Terrain de jeu agréable à explorer
  • Des combats tactiques bien maîtrisés
  • La thématique super-héros bien intégrée aux mécaniques
Les moins
  • Le côté satirique en retrait
  • Humour vraiment bas du front
  • Difficile à apprécier quand on n’est pas fan de South Park
  • Les doublages français, globalement ratés
  • Certains textes vraiment riquiquis

Notre test détaillé

Plus de trois ans après un premier opus aussi surprenant que réussi, Ubisoft remet le couvert et offre à South Park une nouvelle incursion dans le monde du jeu vidéo. L’occasion pour le géant français de faire définitivement de la série de Matt Stone et Trey Parker une franchise qui compte dans son catalogue ? Rien n’est moins sûr, car si cette suite dispose de qualités évidentes, elle se montre aussi coupable d’une certaine paresse intellectuelle.
(Ce test a été effectué sur une PlayStation 4.)

Chez les gosses plus que partout ailleurs, une mode en chasse rapidement une autre. Du côté de South Park, Stan, Kyle, Kenny et leurs camarades ont à peine eu le temps d’en finir avec l’heroic fantasy et le jeu de rôle grandeur nature dépeint dans Le Bâton de la Vérité (sorti en 2014 sur PS3, Xbox 360 et PC) que les voilà déjà lancés dans une tout autre aventure. En effet, sous l’impulsion de Cartman, les enfants de la ville se prennent désormais pour des super-héros. Répartis dans deux camps suite à des divergences artistiques, ils se livrent à un combat acharné et ambitionnent chacun de leur côté de lancer une franchise comparable au Marvel Cinematic Universe.

South Park : L'Annale du Destin

Une écriture convenue et pipi-caca

Matt Stone et Trey Parker, les deux créateurs de South Park, ont beau être impliqués dans L’Annale du Destin, il faut bien admettre que le scénario de ce dernier ne se montre pas aussi bon qu’espéré. Malgré un pitch au potentiel indéniable, ce second volet se montre en effet étrangement sage. Il y a bien quelques fulgurances, comme lorsqu’il annonce que la couleur de peau donnée à l’avatar que l’on contrôle détermine le niveau de difficulté du jeu, alors qu’il s’agit en réalité de pointer du doigt les discriminations dont les Noirs sont victimes au quotidien. Mais lorsqu’il s’agit de critiquer les dérives du marketing ou l’exploitation industrielle des grandes licences du monde du divertissement, comme le suggérait le thème de cet épisode, l’écriture se montre tout de suite plus convenue.

South Park : L'Annale du Destin

La religion, l’éducation ou encore la sexualité sont autant d’autres sujets que le jeu n’hésite pas à aborder. Mais si leur présence permet au jeu de remplir toutes les cases du cahier des charges idéologique de la série, là encore il est difficile d’être convaincu par leur traitement. S’il sait se montrer très drôle à certains moments, L’Annale du Destin donne en effet trop souvent l’impression de survoler ces différents thèmes, préférant emprunter la voie un peu facile de l’humour pipi-caca à celle plus périlleuse, mais ô combien plus intéressante de la satire. Difficile de dire si c’est par volonté de se montrer plus consensuel ou par simple manque d’inspiration, toujours est-il que le jeu aurait énormément gagné à proposer des vannes plus fines et plus piquantes.

South Park : L'Annale du Destin

Une suite plus tactique

Pour contrebalancer son écriture un peu trop bas du front, L’Annale du Destin peut heureusement s’appuyer sur une mécanique parfaitement huilée. Largement calqué sur Le Bâton de la Vérité, cet épisode prend une nouvelle fois la forme d’un RPG dans lequel il question d’explorer South Park afin d’y accomplir différentes quêtes qui feront avancer le scénario. Les énigmes y sont néanmoins plus nombreuses, plus variées, si bien qu’il faudra à de nombreuses reprises solliciter l’aide de PNJ pour réaliser certaines actions et débloquer certains passages.

South Park : L'Annale du Destin

La principale différence entre L’Annale du Destin et son prédécesseur est en fait à chercher au niveau du système de combat. S’ils ont en commun un déroulement au tour par tour et la présence de QTE (quick time events) pour optimiser chaque action, celui que l’on trouve dans ce second opus se montre beaucoup plus tactique. En effet, les affrontements prennent désormais place sur dans des arènes quadrillées impliquant une gestion du placement et des déplacements. Entre les attaques qui ont un effet de zone et celles qui ont une incidence sur la position d’un allié ou d’un ennemi, il faut souvent y réfléchir à deux fois avant de lancer un assaut. Plus globalement, on apprécie la manière dont a été intégrée la thématique super-héros. L’inventivité des pouvoirs, la pertinence des différentes classes (qu’il sera possible de combiner au cours de la progression) ou encore le système de progression sont autant d’éléments qui ont été conçus avec un soin tout particulier.

South Park : L'Annale du Destin

Comme à la télé ou presque

Le plaisir de jouer à South Park : L’Annale du Destin est réel, d’autant qu’il donne l’impression d’être face à un véritable épisode du dessin animé. Les graphismes et l’animation émulent à la perfection le rendu si caractéristique de la série. La mise en scène apporte pile ce qu’il faut de dynamisme pour ne pas trahir le matériau d’origine. Enfin, la progression se montre suffisamment fluide pour que le scénario enchaîne les rebondissements de manière rythmée durant la vingtaine d’heures qu’il faut pour en voir le bout.

South Park : L'Annale du Destin

Dans ce magnifique travail de reconstitution, on regrettera simplement l’absence du casting de la série au doublage français. L’envie de bien faire et palpable. On sent chez certains comédiens la volonté de coller aux voix que l’on connaît depuis une vingtaine d’années. Mais rien n’y fait, la mayonnaise ne prend pas. Le ton, l’énergie, tout semble un peu forcé ici, ce qui poussera les puristes à passer les voix en anglais (il est possible de passer le jeu en VOSTFR en se rendant dans les options), lesquelles ont bien été assurées par les doubleurs officiels.

South Park : L'Annale du Destin

Conclusion

Particulièrement bon et plaisant pour un jeu à licence, South Park : L’Annale du Destin nous laisse néanmoins sur un sentiment partagé. D’un côté, on est ravi de trouver un RPG accessible, bien fignolé, et plutôt fidèle au dessin animé aussi bien dans l’esprit que dans l’esthétique. De l’autre, on déplore son humour un peu facile qui tourne beaucoup trop autour des pets, des flatulences et autres prouts. La série a prouvé à maintes reprises qu’elle était capable de se lancer dans une critique drôle et pertinente de notre société. On aurait aimé que le jeu lui emboîte le pas.

Article rédigé par
Hung Nguyen
Hung Nguyen
Journaliste - spécialisé en jeux vidéo