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Test de Fallen Legion – Rise to Glory : Défendre ou périr

04 juin 2018
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test de Fallen Legion – Rise to Glory : Défendre ou périr

En résumé

À condition de bien cerner ses mécaniques essentiellement basées sur les contres, Fallen Legion: Rise to Glory peut vite devenir addictif. Si le manque de lisibilité de l’action n’était pas aussi handicapant et la progression aussi redondante, le titre aurait pu faire valoir son approche atypique et survoltée pour trouver grâce aux yeux des rôlistes les plus curieux.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Une compilation qui regroupe les deux versants de l'histoire
  • La réalisation 2D assez proche du style Vanillaware
  • Un système de combat nerveux et rythmé
  • L'importance des gemmes et des choix effectués en cours de missions
  • La notion de timing pour les contres, rapidement hypnotique
  • Un découpage adapté aux sessions courtes en mode nomade
  • Les voix japonaises et les compositions musicales enflammées
Les moins
  • La progression réduite à une simple succession de batailles
  • L'évolution limitée des unités, trop peu nombreuses
  • Le manque de lisibilité des attaques d'ennemis groupés
  • Des adversaires qui peinent à se renouveler
  • Un scénario complexe qui aurait mérité une traduction en français

Notre test détaillé

Dans la dynamique du lancement de Fallen Legion+ sur PC en début d’année, l’équipe de NIS America regroupe pour la seconde fois les deux campagnes de son action-RPG dans une compilation à destination de la Switch. Fort de sa réalisation léchée et d’emprunts manifestes au fameux Valkyrie Profile, Fallen Legion: Rise to Glory est loin d’être inintéressant.
(Ce test a été réalisé sur Nintendo Switch.)

Extraits des catalogues respectifs de la PS4 et de la PlayStation Vita, Fallen Legion: Sins of an Empire et Fallen Legion: Fames of Rebellion offraient chacun deux points de vue bien distincts sur les circonstances de l’effondrement du royaume de Fenumia. Tandis que la princesse Cecille s’efforçait d’enrayer une tentative de coup d’État sur les conseils d’un mystérieux grimoire parlant, le stratège Legatus Laendur avançait ses pions dans l’ombre afin de restaurer son héritage perdu. Bien que proposant un déroulement globalement très similaire dans leurs mécaniques, ces deux perspectives narratives opposées ont ici le mérite d’être directement accessibles au lancement de la version Switch et peuvent être menées en parallèle, indépendamment l’une de l’autre.

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L’influence de Vanillaware

Dans la veine des productions Vanillaware telles Odin Sphere, Muramasa ou Dragon’s Crown, Fallen Legion: Rise to Glory mise sur une direction artistique soignée et attachante qui se marie parfaitement avec son contexte médiéval fantastique. Particulièrement réussi, le monster design (design des monstres) nous fait regretter que le bestiaire ne soit pas davantage diversifié, les ennemis défilant comme de véritables clones au fil des niveaux construits comme une succession quasi infinie d’écrans à assainir. Disposés sur une ligne en formation serrée, les quatre personnages que l’on contrôle ne peuvent pas se déplacer librement, mais seulement passer à l’action lorsqu’ils en reçoivent l’ordre. Il faut alors jongler entre l’attaque et la défense pour faire intervenir nos unités au bon moment, tout en surveillant les énergies de chacun pour sécuriser les plus touchés en les plaçant en retrait lorsque nécessaire… sachant que les ennemis ne se priveront pas d’en faire autant.

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Question de rythme

Le système de jeu est en réalité plus complexe qu’il ne semble l’être à première vue, la rapidité et la nervosité des combats impliquant une concentration maximale de la part du joueur. Si la représentation et l’esthétique du jeu peuvent faire penser d’emblée à un titre tel que Grand Kingdom, c’est davantage du côté des mécaniques de Valkyrie Profile ou de Project X Zone que Fallen Legion trouve son inspiration. Sur un rythme extrêmement soutenu et suivant un timing précis, le joueur doit réaliser des combos à rallonge en activant les touches qui correspondent à chacune de ses unités afin de maximiser les dégâts infligés aux adversaires situés en face de lui. Afin que la formule ne bascule pas irrémédiablement dans les travers d’un « button mashing » décérébré, le gameplay met en avant la défense au point de rendre toute victoire impossible si l’on ne s’efforce pas de parer un maximum de coups durant les échanges. Il faut donc garder les yeux rivés sur les animations des ennemis pour lire leurs attaques afin d’anticiper le moment où un allié devra contrer un coup.

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Atteindre un nombre important de combos permet surtout d’activer les coups spéciaux des différents combattants, la moindre erreur brisant la chaîne pour remettre le compteur à zéro ! Une démarche intéressante qui exige un certain temps d’adaptation, mais qui devient réellement prenante une fois les ficelles de la parade bien assimilées. Le point noir réside malheureusement dans le fait que cette lecture est largement compromise par le manque de lisibilité du jeu, dès lors que plusieurs ennemis attaquent en même temps et se chevauchent à l’écran, ce qui arrive hélas constamment…

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Des choix moraux

Le titre peut cependant compter sur un arrière-plan travaillé pour développer une intrigue complexe, malgré l’absence de traduction en français. L’impact des agissements de Cecille et de Laendur sur les diverses factions du royaume est notamment retranscrit au travers de choix moraux qui surviennent au beau milieu des missions, entre deux phases de bataille. Matérialisées par trois cartes joliment illustrées, ces décisions ont des conséquences doubles. Non seulement elles engendrent l’acquisition de bonus pouvant influencer considérablement le déroulement des affrontements, mais elles déterminent aussi les réactions des populations qui peuvent temporairement nous accorder leur appui selon nos actes. Autrement dit, il ne suffit pas de résoudre un dilemme en se basant uniquement sur la récompense que l’on va obtenir. Il faut également essayer de deviner les conséquences que nos choix risquent de provoquer sur le moral du royaume.

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Nous sommes légion

S’inspirant là encore de la série Valkyrie Profile en définissant les « Exemplars » comme des guerriers illustres pouvant être invoqués à partir d’armes de grand renom, Fallen Legion: Rise to Glory déçoit tout de même par le nombre limité d’unités qu’il propose. D’une campagne à l’autre, ce sont les mêmes héros que l’on retrouve, ce qui n’aide pas à dissiper le sentiment de déjà-vu que l’on éprouve en changeant de partie. L’évolution des personnages est également réduite à leurs capacités spéciales, ces derniers ne possédant pas de niveaux d’expérience à faire croître et encore moins d’arbres de compétences à développer. Des gemmes, dont la rareté dépend du score de fin de mission, peuvent néanmoins être équipées pour améliorer les aptitudes, mais c’est uniquement la maîtrise des mécaniques qui fera la différence lors des missions les plus délicates. Avare en boss, le titre ne propose pas non plus de difficulté variable, obligeant le joueur à se montrer aussi efficace en attaque qu’en défense s’il veut mener à bien chaque campagne. Bien que le soft affiche un manque de renouvellement certain pouvant s’avérer lassant à la longue, son caractère haletant et ses compositions rythmées lui confèrent un attrait indéniable qui contrebalance un peu ses lacunes. Qui plus est, son découpage propre aux sessions courtes le prédispose aux parties jouées en mode nomade.

Conclusion

À condition de bien cerner ses mécaniques essentiellement basées sur les contres, Fallen Legion: Rise to Glory peut vite devenir addictif. Si le manque de lisibilité de l’action n’était pas aussi handicapant et la progression aussi redondante, le titre aurait pu faire valoir son approche atypique et survoltée pour trouver grâce aux yeux des rôlistes les plus curieux.

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