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Test de Ni no Kuni II : Une suite qui s’émancipe royalement !

30 mars 2018
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test de Ni no Kuni II : Une suite qui s'émancipe royalement !

En résumé

Le J-RPG retrouve son brillant avec cette suite de Ni no Kuni qui prend le risque de s’émanciper pour repartir sur des bases entièrement nouvelles. En dehors de la direction artistique, toujours aussi séduisante, presque tout a été remis à plat pour offrir une expérience inédite qui mixe avec panache action-RPG, gestion de royaume et stratégie temps réel. Servi par un contenu annexe gargantuesque dans lequel tout est lié, le titre nous happe littéralement dans son univers !

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Une D.A. aussi sympathique que celle du premier volet, même sans le studio Ghibli
  • Transition réussie vers l'action-RPG pour des combats plus intuitifs et nerveux
  • Scénario et aventure "à l'ancienne" qui rappellent les belles heures du RPG japonais
  • Le fait que tout le contenu annexe soit aussi étroitement et efficacement lié
  • Des recrutements par dizaines, dignes d'un Suikoden ou d'un Skies of Arcadia
  • Un mode gestion de royaume bien plus prenant qu'il n'y paraît au début
  • Toujours accessible malgré les nombreuses mécaniques à assimiler
  • Joe Isaishi fidèle au poste pour des compositions musicales travaillées
  • Aucune obligation d'avoir fait le premier Ni no Kuni pour apprécier cette suite
  • Une durée de vie royale (+50h), même sans viser le 100 %
Les moins
  • La remise à plat des mécaniques laissera peut-être des regrets à certains
  • Une profondeur de jeu qui met un peu de temps à se mettre en place
  • Les batailles façon STR, moins travaillées que les autres types de gameplay
  • Un challenge global relativement faible, à moins de ne suivre que la trame principale

Notre test détaillé

Cheminement logique de la part d’une équipe sortie de l’ombre grâce à son utilisation bluffante du cel-shading dans des J-RPG tels que Rogue Galaxy ou Dragon Quest VIII, c’est bien vers le célèbre studio d’animation Ghibli que Level-5 s’était tourné en 2010 pour donner vie au tout premier Ni no Kuni. Un véritable enchantement visuel dont cette suite revendique aujourd’hui fièrement la paternité.
(Ce test a été réalisé sur PlayStation 4.)

Si vous aviez échappé à la version PS3 de Ni no Kuni, parue seulement en 2013 dans notre pays, sachez qu’il n’est absolument pas nécessaire de l’avoir terminée pour profiter de ce nouvel opus. Car, de son prédécesseur, Ni no Kuni II reprend surtout l’idée selon laquelle notre monde réel serait lié à un univers de contes beaucoup plus mystérieux que le nôtre, l’intégralité de l’aventure se déroulant cette fois au pays des Ratocrates et des Mistigris. Même sans le soutien du studio Ghibli, l’équipe de Level-5 parvient à délivrer une direction artistique au moins aussi efficace que celle du premier volet. Le jeu dépeint un univers fantaisiste attachant, peuplé de personnages anthropomorphiques qui ne sont pas sans rappeler ceux de la série animée Sherlock Holmes dont les premiers épisodes avaient d’ailleurs été supervisés par un certain Hayao Miyazaki…

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Le prince métis

Bien loin des préoccupations du jeune Oliver, enfant magicien du premier volet, le héros de Ni no Kuni II n’est pas en droit de s’apitoyer sur son sort tant il se sait responsable, en tant qu’héritier du royaume de Carabas, du destin de toute une nation. Victime d’un coup d’état et contraint de fuir son pays en catastrophe, Evan rêve pourtant d’unir un jour tous les peuples de la planète sous une seule et même bannière. Une utopie qu’il ne saura mener à son terme qu’avec la complicité du joueur et d’un nombre croissant de partisans venus des quatre coins du monde pour lui permettre de concrétiser son rêve de paix. Bien que l’histoire en elle-même ne s’éloigne guère du cahier des charges de n’importe quel J-RPG, les messages de tolérance prônés par ce jeune roi au visage humain et aux oreilles de chat, ainsi que l’impression saisissante d’évoluer dans un dessin animé, font que l’on pardonne vite le caractère conventionnel du scénario.

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Rêve d’alliance

Partant de rien, Evan et les siens vont ainsi faire de l’insignifiant campement d’Espérance un royaume réputé et respecté à travers tous les continents. Une bonne cinquantaine d’heures de jeu ne seront pas de trop pour ériger, développer et faire fructifier cette puissance en devenir, sans rien rater des péripéties de la trame principale. Convaincre les dirigeants des nations aux alentours de signer le traité de paix ne se fera évidemment pas sans d’innombrables rebondissements narratifs et héroïques, l’intensité de Ni no Kuni II devant beaucoup à l’abandon du tour par tour au profit du temps réel.

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Cuisine de « Mousses »

Désormais orientée action-RPG, cette suite s’apparente davantage à un « Tales of » dans ses routines de gameplay, se démarquant principalement par la présence des Mousses, de petites créatures élémentaires qui remplacent les familiers du premier volet. Collecter les différents types de Mousses cachés aux quatre coins du monde, ou les « cuisiner » avec le concours d’une experte en bizarreries sont les meilleurs moyens de surprendre ses adversaires durant les combats, afin de prendre l’avantage. Équipé par ailleurs de trois armes de courte portée et de projectiles variables en fonction du personnage incarné, le joueur a tous les atouts en main pour défier même les monstres les plus imposants qui se dresseraient en travers de son chemin. Plutôt facile dans sa globalité, l’aventure se corse néanmoins à partir d’un certain point, et plus encore lors des traversées de labyrinthes, ces dernières étant totalement optionnelles.

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Hybridation des genres

Là où Ni no Kuni II surprend le plus, c’est dans la diversification des mécaniques qu’il propose, deux autres types de gameplay bien différents venant se superposer à cette sous-couche d’action-RPG. Le développement du royaume passe notamment par des conflits militaires faisant intervenir plusieurs escadrons spécialisés (lanciers, épéistes, archers…) qu’il faut faire progresser de manière tactique pour leur donner l’ascendant sur les troupes adverses. Loin d’être irréprochables, ces batailles orientées stratégie temps réel s’avèrent suffisamment peu nombreuses pour ne pas alourdir inutilement le déroulement du jeu, diversifiant habilement les plaisirs sans jamais s’imposer à nous. À vrai dire, il est même tout à fait possible de terminer l’aventure sans s’attarder sur ces batailles majoritairement facultatives, ce qui n’est pas le cas pour l’aspect gestion, heureusement nettement plus convaincant.

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Un royaume en devenir

Une drogue, c’est le premier mot qui nous vient à l’esprit lorsqu’on pense à toute la partie gestion de Ni no Kuni II. Bien que plusieurs heures soient nécessaires à la mise en place des aspects les plus attractifs du développement du royaume d’Espérance, les tâches qui nous incombent se révèlent en définitive si nombreuses qu’on se surprend à trouver constamment un prétexte pour revenir superviser l’évolution du domaine. Le fait de construire des bâtiments de toutes sortes et de recruter des gens spécialisés pour en assurer le bon fonctionnement constitue la quête annexe la plus chronophage du jeu. Et plus les structures s’améliorent, plus il est possible d’effectuer des recherches qui optimiseront ensuite les mille et un aspects du gameplay. Loin d’apparaître comme une contrainte, ces tâches optionnelles nous happent sans difficulté, nous poussant à explorer les endroits les plus reculés du monde pour venir ajouter encore un nouvel habitant au royaume, étoffant encore un peu plus ses possibilités de développement.

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Si Ni no Kuni II se montre aussi accrocheur, c’est bien parce qu’il parvient à lier tout ce contenu annexe de façon logique : les quêtes débloquent des missions qui débloquent des recrues qui poussent encore plus loin l’évolution du royaume, dans une boucle interminable… Sur le principe d’un Suikoden ou d’un Skies of Arcadia, le titre nous détourne ainsi constamment de la trame principale pour nous inciter à partir enrôler des NPC par dizaines, sans que l’on ait jamais l’impression de perdre notre temps. Avec, en prime, la touche musicale si reconnaissable de Joe Hisaishi, compositeur attitré des productions Ghibli, le voyage d’Evan risque d’occuper une place privilégiée dans nos souvenirs.

Conclusion

Le J-RPG retrouve son brillant avec cette suite de Ni no Kuni qui prend le risque de s’émanciper pour repartir sur des bases entièrement nouvelles. En dehors de la direction artistique, toujours aussi séduisante, presque tout a été remis à plat pour offrir une expérience inédite qui mixe avec panache action-RPG, gestion de royaume et stratégie temps réel. Servi par un contenu annexe gargantuesque dans lequel tout est lié, le titre nous happe littéralement dans son univers !

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