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Test de Red Faction Guerrilla Re-Mars-tered : Un Mars, et ça repart ?

28 juillet 2018
Par Hung Nguyen
Test de Red Faction Guerrilla Re-Mars-tered : Un Mars, et ça repart ?

En résumé

Recroiser la route de Red Faction est un plaisir, d’autant que Guerrilla est très clairement le meilleur épisode de la franchise. Ceci dit, être le meilleur d’une franchise tout juste sympathique n’est pas forcément un gage de qualité, comme nous le rappelle ce Re-Mars-tered. Si l’on apprécie sa structure ouverte, sa durée de vie, et la possibilité de détruire chaque bâtiment qu’il compte, on est en effet beaucoup moins convaincu par sa narration, sa réalisation et sa prise en main. Le jeu a énormément vieilli, à tel point qu’on voit mal à qui il pourrait plaire hormis à ses fans les plus irréductibles. Si suite il y a, les développeurs devront impérativement se mettre à jour. Sans quoi, notre verdict sera beaucoup moins clément.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Le plaisir de détruire les bâtiments à coups de marteau ou de roquettes
  • Un moteur physique assez crédible dans l’ensemble
  • La structure en monde ouvert qui laisse beaucoup de liberté
  • La variété des missions
  • Une durée de vie solide
Les moins
  • Le scénario complètement anecdotique
  • Des personnages sans charisme
  • Des décors tristes et vides, Mars oblige
  • Remasterisation timide des graphismes
  • Une prise en main qui a mal vieilli
  • L’intelligence artificielle des ennemis est assez limitée

Notre test détaillé

Tombée dans l’oubli après la faillite de THQ en 2012, la licence Red Faction se rappelle à notre bon souvenir en débarquant de manière surprenante sur les PC et consoles actuelles. Évidemment, plutôt qu’un épisode inédit, ce retour prend la forme d’une remasterisation peu coûteuse, dont le but est principalement de raviver la flamme chez les fans tout en jaugeant la popularité actuelle de la franchise. Au regard de ce que propose Red Faction Guerrilla Re-Mars-tered, serons-nous tentés par un nouveau voyage vers la planète rouge ? Très honnêtement, rien n’est moins sûr.
(Ce test a été réalisé sur PlayStation 4.)

Le temps qui file est sans pitié avec les productions mineures réalisées en 3D. Red Faction Guerrilla Re-Mars-tered en est une nouvelle preuve, lui qui aligne les cutscenes sans envergure et les personnages dénués de charisme pour alimenter son scénario sans relief. Alors que l’on attend de nos jours un minimum syndical en ce qui concerne la mise en scène, lui débarque avec son aridité antédiluvienne pour nous demander, après une poignée de minutes à la narration on ne plus maladroite, d’embrasser le destin d’Alec Mason.

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Ce Terrien fraîchement arrivé sur Mars s’aperçoit en effet très vite que sa nouvelle vie n’a rien d’idyllique : sur sa nouvelle planète, les ressources naturelles sont confisquées par l’EDF – pour Earth Defense Force –, une entité militaire qui mène en parallèle une politique totalitaire. Bien décidé à ne pas se laisser faire, notre héros va rejoindre la Red Faction, un groupe de dissidents, pour tenter de faire souffler un vent nouveau de démocratie et de liberté. Rien de très original en somme, sans compter que le scénario va très vite occuper une place très secondaire dans l’aventure.

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Révolution en monde ouvert

Si toute la partie narrative est décevante, le volet ludique est heureusement un peu plus satisfaisant. Après deux FPS sympathiques mais tout à fait dispensables, Red Faction changeait complètement de registre avec Guerrilla. En plus d’adopter une caméra à la troisième personne, cet épisode prenait en effet la forme d’un jeu d’action en monde ouvert. Le but, ici, n’est donc pas de traverser des niveaux linéaires et indépendants les uns des autres, mais bien de mener une révolution sur un territoire occupé. Pour cela, il faudra, comme c’est le cas dans une grande partie des jeux en open world (monde ouvert), remplir tout un tas de missions visant à faire baisser l’influence de la dictature en place, jusqu’à pouvoir reprendre le contrôle des différentes régions qui composent l’aire de jeu.

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Que ce soit durant des missions liées au scénario ou lors des quêtes annexes (en partie obligatoires pour justement débloquer les objectifs principaux), il sera ainsi question de détruire toutes sortes de bâtiments, de libérer des otages et de les conduire en lieu sûr, de stopper des convois de marchandises, de dérober un véhicule, ou encore de résister à des vagues d’ennemis pour protéger des points stratégiques. Même s’il est vrai que les choses finissent par tourner en rond au bout de la grosse quinzaine d’heures nécessaires pour arriver au bout de l’aventure, les situations offrent une belle variété. On apprécie également le fait que des objectifs apparaissent de manière dynamique pour donner un semblant de vie à un écosystème qui, Mars oblige, se montre par ailleurs un peu triste et vide.

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Le plaisir de détruire

Les différentes missions sont d’autant plus agréables à accomplir que le jeu s’appuie sur une mécanique qui est encore assez originale aujourd’hui : la destructibilité totale des différents bâtiments. Que ce soit à l’aide d’un énorme marteau, l’arme emblématique des révolutionnaires, de bombes, de mines ou de roquettes, il est possible d’exploser chaque édifice présent dans le décor. Tout faire s’effondrer est un vrai plaisir. Un plaisir d’ailleurs renforcé par la qualité du moteur de jeu, le Geo-Mod 2.0, qui offre un rendu crédible aux différents écroulements. On n’est en revanche pas certain qu’il respecte toutes les lois de la physique.

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Vieillot même remasterisé

Comme toujours avec les jeux remasterisés, se pose la question du public visé. Si la réponse peut paraître évidente dans le cas de chefs-d’œuvre ou de titres à forte valeur patrimoniale, elle l’est beaucoup moins pour les productions du calibre de Red Faction Guerrilla. C’est un fait, même s’il reste divertissant, le jeu de THQ Nordic a sacrément vieilli. Qu’on l’ait connu à l’époque ou qu’on le découvre aujourd’hui, il paraît dépassé à beaucoup trop de niveaux pour être tout à fait recommandable.

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Visuellement d’abord, les différences sont loin de sauter aux yeux. Les textures et différents effets comme les éclairages ont beau avoir été retravaillés, le jeu semble débarquer directement de son époque, soit il y a près de neuf ans. Re-Mars-tered ou pas, Red Faction Guerrilla ressemble à un jeu de seconde zone de la génération PS3/Xbox 360, et ce ne sont pas l’interface datée et le design raté des personnages qui viendront nous contredire. Si c’est sans conséquence sur l’expérience, notons aussi que le taux d’image par seconde, solide la majeure partie du temps, peut connaître de très légères baisses lorsque plusieurs bâtiments s’écroulent au même moment.

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Le constat est similaire du côté de la prise en main. Red Faction Guerrilla vient d’une époque où les jeux d’action n’avaient pas encore assimilé tous les codes des jeux de tir à la troisième personne. Ce qui ne le rend pas spécialement agréable à pratiquer au regard des standards actuels. La disposition des touches n’est pas tout à fait naturelle, par exemple. La visée est assez imprécise. Quant à la conduite, elle se montre simpliste quel que soit le véhicule contrôlé. Le jeu manque de modernité, et aurait clairement eu besoin de quelques ajustements à ce niveau-là. Excepté le côté jubilatoire des destructions et du moteur physique, les sensations qu’il procure ne sont donc pas spécialement satisfaisantes.

Conclusion

Recroiser la route de Red Faction est un plaisir, d’autant que Guerrilla est très clairement le meilleur épisode de la franchise. Ceci dit, être le meilleur d’une franchise tout juste sympathique n’est pas forcément un gage de qualité, comme nous le rappelle ce Re-Mars-tered. Si l’on apprécie sa structure ouverte, sa durée de vie, et la possibilité de détruire chaque bâtiment qu’il compte, on est en effet beaucoup moins convaincu par sa narration, sa réalisation et sa prise en main. Le jeu a énormément vieilli, à tel point qu’on voit mal à qui il pourrait plaire hormis à ses fans les plus irréductibles. Si suite il y a, les développeurs devront impérativement se mettre à jour. Sans quoi, notre verdict sera beaucoup moins clément.

Article rédigé par
Hung Nguyen
Hung Nguyen
Journaliste - spécialisé en jeux vidéo