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Test de The Longest Five Minutes : Devoir de mémoire pour héros amnésique

08 février 2018
Par Valérie Précigout (Romendil)
Test de The Longest Five Minutes : Devoir de mémoire pour héros amnésique

En résumé

Avec un point de départ aussi incongru, The Longest Five Minutes nous laissait forcément espérer davantage en matière de surprises dans son déroulement à travers les mémoires. Si l’aventure mérite le détour pour son écriture et ses compositions musicales, elle échoue en revanche à offrir un défi à la hauteur des adeptes de RPG et à sortir de sa zone de confort pour se démarquer.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • Un point de départ original
  • Les objectifs secondaires bienvenus
  • Compositions musicales efficaces
  • Quelques mini-jeux bien intégrés
Les moins
  • Le concept des mémoires à revisiter sous-exploité
  • Déroulement beaucoup plus classique et linéaire qu'espéré
  • Des combats simplistes souvent jouables en mode auto
  • Un challenge quasi inexistant lié à la mise à niveau automatique
  • Durée de vie ne dépassant pas la poignée d'heures

Notre test détaillé

Peut-on imaginer situation plus critique pour un héros de RPG que celle de perdre la mémoire face au boss final à seulement cinq minutes de la fin ? C’est pourtant ce qui arrive à Flash, subitement frappé d’amnésie alors qu’il livre bataille contre le Demon King dans un contexte qui lui échappe totalement. Un point de départ inattendu pour une aventure qui l’est cependant beaucoup moins.
(Ce test a été effectué sur Nintendo Switch.)

Paré d’un cachet rétro évoquant les balbutiements du RPG sur consoles, The Longest Five Minutes est la nouvelle surprise du studio Nippon Ichi Software. Les deux décennies d’expérience accumulées dans le domaine du jeu de rôles sur consoles ont forgé au développeur une réputation de spécialiste imprévisible, ce que confirme l’originalité de ce nouveau titre réalisé conjointement avec Syupro-DX.

The Longest Five Minutes 1

Temps suspendu

L’aventure imaginée dans The Longest Five Minutes a cela de singulier qu’elle débute là où les RPG s’achèvent habituellement, à savoir sur la confrontation avec le boss final. Flash, le héros du jeu, a beau entendre les encouragements de ses compagnons, il ne peut s’empêcher de douter. Parce qu’il ne sait plus qui il est ni pour quelles raisons il se trouve ici en présence d’alliés dont il ignore tout, il va devoir mettre le peu de temps qu’il lui reste à profit pour faire rejaillir les souvenirs profondément enfouis en lui. Car dans cinq minutes, il n’y aura plus personne pour empêcher le Demon King de parvenir à ses fins… Mais, à l’instar d’un jeu comme Half-Minute Hero dans lequel le game over menace de poindre toutes les trente secondes si l’on n’y prend pas garde, cette limite de temps irréaliste se traduit en réalité par une quête de plusieurs heures de jeu, soyez rassuré !

The Longest Five Minutes 2

En quête de mémoires

Si le face-à-face avec le boss final sert bien de fil rouge au scénario, celui-ci ne prend pas pour autant la forme d’un véritable affrontement, mais plutôt d’une longue discussion destinée à réveiller la mémoire embrumée de notre héros. C’est en effet au travers des termes employés par ses compagnons que des bribes de souvenirs vont peu à peu refaire surface, interrompant le duel contre le Demon King et faisant systématiquement basculer le jeu en mode RPG. Parfois très éloignés dans le temps, ces éléments-clés nous invitent à résoudre une situation donnée, censée déboucher sur l’émergence d’un souvenir majeur. C’est uniquement grâce à eux que Flash pourra espérer se rappeler de l’identité de ceux qui se battent à ses côtés ou de la manière d’exécuter son attaque ultime, et surtout de la raison de son combat contre le roi démon.

The Longest Five Minutes 3

La bonne trouvaille réside dans la présence d’objectifs secondaires qui nous poussent à explorer en profondeur ces séquences passées plutôt que d’aller droit au but. Généralement très simples, ces missions annexes valent tout de même le détour dans le sens où elles approfondissent le background de certains personnages et accroissent notre score d’expérience en fin de mémoire. Prendre son temps permet aussi de tomber sur quelques mini-jeux bienvenus ou de tenter sa chance au casino, suivant la logique d’un bon vieux Dragon Quest. Visuellement, ces retours dans le passé se marient plutôt agréablement avec la réalisation nostalgique du titre qui nous ramène à la préhistoire du RPG, aussi bien sur le plan visuel qu’en matière de jouabilité.

The Longest Five Minutes 4

Promenade de santé

Il faut dire que l’extrême simplicité des combats et le manque de challenge global des affrontements incitent à une préparation minimale. L’amélioration de l’équipement n’est jamais indispensable pour sortir victorieux des donjons, armes et objets n’étant pas transférables d’une mémoire à une autre puisque le jeu se charge de mettre automatiquement notre équipe à niveau. Les périples sur la carte du monde sont soigneusement encadrés et la profusion de sorts et de points de magie mis à la disposition des personnages crée un déséquilibre dans le rapport de forces. Après quelques heures de jeu, l’obtention d’une magie peu coûteuse permettant d’éviter les rencontres aléatoires suffit même à venir à bout sans effort des derniers donjons les plus labyrinthiques, ce qui n’arrange pas vraiment la durée de vie du titre.

The Longest Five Minutes 5

Passé imparfait

La seule particularité du déroulement du jeu réside finalement dans la possibilité de revisiter plusieurs fois chaque fragment de mémoire afin d’en débloquer d’autres ou de valider tous les objectifs secondaires, voire simplement dans le but de gagner davantage d’XP. Malheureusement, cet élément s’avère largement sous-exploité, les flash-back survenant de manière linéaire sans que l’on ait vraiment la main dessus et sans que cela ait des répercussions véritables sur l’issue du combat final. Ceux qui ont eu la chance de jouer à un titre tel que Radiant Historia comprendront qu’il y avait pourtant moyen d’exploiter la logique des flash-back de manière autrement plus poussée. Certes, l’aventure (en anglais) comporte bien quelques choix décisifs qui influent légèrement sur le déroulement de cette bataille, mais un peu de bon sens suffit pour accéder sans trop d’efforts au juste dénouement du jeu.

The Longest Five Minutes 6

Conclusion

Avec un point de départ aussi incongru, The Longest Five Minutes nous laissait forcément espérer davantage en matière de surprises dans son déroulement à travers les mémoires. Si l’aventure mérite le détour pour son écriture et ses compositions musicales, elle échoue en revanche à offrir un défi à la hauteur des adeptes de RPG et à sortir de sa zone de confort pour se démarquer.

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