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RCS : le successeur du SMS prêt à faire sa révolution

14 juillet 2019
Par Thomas Estimbre

Le RCS est en cours de déploiement en France, poussé par le géant américain Google. Derrière cet acronyme signifiant Rich Communication Service se cache un protocole de communication prêt à remplacer les SMS. À l’occasion de son arrivée dans l’Hexagone, on fait le point sur ce SMS 2.0 qui doit enfin permettre d’offrir aux utilisateurs de smartphones Android un équivalent d’iMessage.

Le SMS va fêter cette année ses 27 ans et il accuse sérieusement le poids des années. Ringardisé par des applications de messageries telles que WhatsApp ou Facebook Messenger, qui sont utilisées respectivement par 1,5 milliard et 1,3 milliard de personnes chaque mois, le « texto » décline depuis quelques années.

Le SMS n’est pas (encore) mort, mais…

Dans son dernier bilan du marché des télécommunications (premier trimestre 2019), l’Arcep note que les Français sont « de moins en moins enclins à utiliser le SMS comme moyen de communication ». Leur consommation moyenne mensuelle (188 SMS par mois en moyenne, -7,6 % en un an ce trimestre) comme le volume global (40,8 milliards, -6,2% en un an) est en baisse. Un constat qui ne s’applique pas seulement à la France, l’usage des SMS étant en chute libre en Europe et dans le monde.

Cette situation n’a pas échappé à Google qui milite pour l’adoption d’un nouveau protocole de messagerie : le Rich Communication Services (RCS).

Samsung Galaxy S9 et Galaxy S9+

Qu’est-ce que le RCS ?

Présenté comme le successeur du SMS, le Rich Communication Services (RCS) désigne un protocole de communication (international et libre) mis au point par le GSMA. Concrètement, le RCS propose des fonctionnalités très proches de celles par les applications de messagerie comme Facebook Messenger, WhatsApp ou iMessage d’Apple. L’histoire du remplaçant du SMS et MMS n’est pas nouvelle – il a fait sa première apparition en 2007 – et si les opérateurs ont montré un certain intérêt, ils ont tardé à le rendre accessible.

Pourquoi le RCS plutôt que le SMS ?

Connu sous différents noms (Chat (Google), Message+, Joyn…), il permet d’enrichir les contenus envoyés par messagerie (messages plus longs et plus complexes avec des GIF, images en haute résolution, vidéos…) et propose différents services :

– Appels vidéo
– Appels VoIP
– Chat de groupe
– Chat un à un
– Information sur la présence en réseau social
– Liste noire basée sur le réseau
– Messagerie audio
– Messagerie indépendante
– Partage de contenu
– Partage de géolocalisation
– Transfert de fichiers

Comment ça fonctionne ?

À l’inverse des SMS qui utilisent les réseaux GSM, la norme RCS passe par le protocole IP et a besoin d’Internet pour transmettre des données. L’utilisateur doit donc être connecté à un réseau Wi-Fi ou accéder au réseau mobile 4G pour en profiter. Cela implique de disposer d’un terminal compatible et d’un forfait 4G pour utiliser le RCS. Lorsqu’il n’est pas possible d’accéder à l’un de ces réseaux, l’utilisateur est automatiquement rebasculé en SMS.

Il est également nécessaire de disposer d’un appareil compatible des deux côtés (émetteur/destinataire) pour utiliser le RCS. Dans le cas contraire, le message est transformé en SMS. Là encore, le successeur du SMS se rapproche des services de Facebook (Messenger, WhatsApp…) ou d’Apple (iMessage). À noter que le fait de disposer d’un forfait illimité pour les SMS/MMS n’est d’aucune utilité avec le RCS. En effet, c’est la connexion Internet qui est mise à contribution et donc votre enveloppe data.

Pourquoi Google mise sur le RCS ?

Depuis l’arrivée d’Android il y a un peu plus de dix ans, le géant américain cherche à s’imposer dans le domaine de la messagerie. Contrairement à Facebook (Messenger, WhatsApp…), Apple (iMessage) ou BlackBerry (BBM), Google n’est jamais parvenu à proposer à une application capable de rivaliser. Les efforts ont pourtant été nombreux avec Talk, Hangouts, Messages ou Allo.

applications de messagerie

© Creative Commons

Depuis un an, Google a jeté son dévolu sur Chat avec l’espoir de ringardiser le SMS et enfin concurrencer iMessage. Plutôt qu’une énième application incapable de s’attaquer à la messagerie d’Apple, le géant américain cherche à imposer un nouveau standard : le RCS. Fervent défenseur de la norme, Google multiplie les efforts, mais peine à être entendu par les opérateurs. Face au manque de réactivité de ses partenaires – Google avait négocié avec des importants partout dans le monde – l’entreprise californienne a décidé de prendre le relais et d’accélérer le déploiement du RCS.

Le sujet concerne tout particulièrement la France qui a été choisie, avec le Royaume-Uni, comme pays-pilote pour le déploiement de ce nouveau système.

Quel intérêt pour Google ?

Si le géant américain pousse à l’adoption du RCS, ce sont les opérateurs qui devront prendre le relais en apportant les ressources nécessaires à son support. Du côté de Google, l’objectif est de pousser les utilisateurs à migrer vers Android en proposant une véritable alternative à iMessage. Cela vise donc à renforcer la position d’Android et Google pourrait en profiter pour détourner les utilisateurs des applications de messagerie concurrentes.

Comment activer le RCS ?

Google a annoncé fin juin sa décision de lancer le RCS Chat en France. Cette nouvelle fonctionnalité est réservée aux utilisateurs Android et devrait, a terme, être proposé dans de nombreux pays afin d’être accessible au plus grand nombre. Pour l’heure, le déploiement est en cours et il faut installer l’application Messages de Google pour activer le RCS. Notez que l’utilisation de Messages implique d’en faire son application SMS par défaut.

Messages Google RCS

Il faut installer Messages pour activer le RCS sur Android © Capture d’écran

Après son installation, Messages pourra vous proposer automatiquement d’activer « les fonctionnalités de chat de Google ». Dans le cas contraire, vous pouvez vous rendre les Paramètres (via ) puis Fonctionnalités de chat (en tête de liste) pour vérifier si l’option est disponible.

Chat Google RCS

Ce smartphone sous Android 9.0 Pie n’est pas encore compatible © Capture d’écran

Lorsque la fonctionnalité est activée dans Messages, Google précise que vous pouvez :

– Ajouter des contacts aux conversations de groupe
– Envoyer des messages via le Wi-Fi et via le réseau de données mobiles (au lieu des SMS ou des MMS)
– Informer vos interlocuteurs de la lecture de leur message
– Partager des photos en haute qualité.
– Voir quand quelqu’un est en train d’écrire

Et sous iOS ?

Pour l’heure, Google se concentre uniquement sur Android. Néanmoins, Apple semble également intéressée par le successeur du SMS. Les futures versions d’iOS pourraient ainsi intégrer le protocole RCS.

Vie privée et sécurité de nos données : le point noir du RCS

Le RCS dispose de nombreux atouts, mais il n’est pas parfait. Le plus gros défaut du RCS est que les messages ne bénéficient pas d’un chiffrement de bout en bout. Une caractéristique qui le rapproche des SMS et l’éloigne des applications de messagerie mobile les plus populaires. Conscient du problème, Google se veut néanmoins rassurant et assure qu’il ne conserve aucun message qui passe par ses serveurs. « Du point de vue de la conservation des données, nous supprimons les messages de notre service RCS dès que nous les transmettons à un utilisateur final (…) si nous les conservons, c’est juste pour les transmettre lorsque cette personne se connecte », a expliqué Drew Rowny, responsable du développement de Messages. Ainsi, les messages envoyés seront supprimés des serveurs de Google dès lors qu’ils sont transmis au destinataire. Concernant les métadonnées, elles pourront être conservées temporairement sur l’appareil.

Google reconnaît également la nécessité de proposer « un chat privé » et explique : « Nous croyons fondamentalement que la communication, en particulier l’envoi de messages, est très personnelle et que les utilisateurs ont droit à la vie pour leurs communications. Et nous nous engageons pleinement à trouver une solution pour nos utilisateurs ». Toutefois, la firme n’a pas fait d’annonce officielle sur ce dernier point et ne donne pas de date concernant la sécurisation des échanges.

Article rédigé par
Thomas Estimbre
Thomas Estimbre
Journaliste
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