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Test Samsung DeX : quand le Galaxy S8/S8+ se prend pour un vrai PC

26 mai 2017
Par Sofian Nouira
Test Samsung DeX : quand le Galaxy S8/S8+ se prend pour un vrai PC

En résumé

Il est bien difficile de noter une solution comme DeX. Si on la compare à toutes les tentatives précédentes du genre, notamment chez Motorola et Microsoft, alors oui, l’essai de Samsung est d’ores et déjà une franche réussite. Pour les applications les plus classiques du quotidien (Web, email, réseaux sociaux, etc.), le constructeur coréen propose dès aujourd’hui quelque chose de parfaitement fonctionnel, sans compromis et avec une belle fluidité à la clé. Mais si vous avez lu l’ensemble du test, vous savez déjà que la formule est encore loin d’être parfaite, du fait de nombreuses applications populaires qui ne sont pas encore optimisées et qui s’affichent en format mobile. Et rien ne garantit que tous les développeurs prendront la peine de les mettre à jour pour les rendre compatibles avec DeX. Toutefois, dans la mesure où la solution s’adresse à l’un des smartphones Android qui devraient le plus se vendre cette année, l’optimisme est quand même permis sur ce point. Au final, si vous possédez un Galaxy S8/S8+, un clavier, une souris et un écran, le prix assez raisonnable du boîtier fait qu’il est assez tentant de se laisser séduire, ne serait-ce que « pour voir ». Mais ne perdez jamais de vue qu’un ordinateur reste infiniment plus efficace pour absolument tous les types de tâches.

Note technique

Les plus et les moins

Les plus
  • La simplicité d'utilisation
  • La fluidité en mode ordinateur
  • Sans compromis notable sur les fonctions de base
Les moins
  • Beaucoup d'applis pas encore optimisées
  • Devoir ruser pour voir toutes les vidéos en plein écran

Notre test détaillé

Avec DeX, Samsung promet de transformer ses Galaxy S8 et S8+ en véritable PC, avec une interface adaptée. Le constructeur n’est pas le premier à tenter un tel pari. Ses illustres prédécesseurs que sont Motorola et Nokia s’y sont cassés les dents : voyons si le Coréen s’en tire mieux.

Il y a quelques semaines, Samsung profitait de l’annonce en grande pompe de ses Galaxy S8 et S8+ pour dévoiler également plusieurs accessoires dédiés à ces smartphones. Parmi eux, on trouvait notamment le DeX. Connectée à un écran, un clavier et une souris, cette station d’accueil ambitieuse promettait de transformer les smartphones en véritables PC. Un concept déjà étrenné par Microsoft avec sa solution Continuum pour Windows 10 Mobile… avec un succès très relatif. Pendant plusieurs semaines, nous nous sommes servis de DeX plusieurs heures chaque jour, afin de bien appréhender son potentiel. Dans les lignes qui suivent, vous verrez qu’elle nous a tour à tour charmés et déçus. Mais, plutôt que de mettre la charrue avant les bœufs, commençons par nous pencher sur le design et l’ergonomie matérielle de cet accessoire.

Test Samsung DeX

L’ergonomie matérielle

Comme vous pouvez le voir sur les photos qui parsèment ce test, le DeX prend la forme d’un boîtier noir tout en rondeur, à fois sobre et assez joli. Son couvercle coulisse pour laisser place au smartphone. Au fond, on trouve un connecteur USB, qui permet donc à la fois d’alimenter le S8/S8+ et de le connecter à la solution. On tâtonne un peu au début pour brancher le téléphone, avant de se rendre compte qu’il faut simplement le glisser bien droit dans l’emplacement. D’ailleurs, cela fonctionne très bien avec une coque. Au dos du boîtier figurent plusieurs connecteurs, à savoir un port Ethernet RJ45, deux ports USB-1 2.0, un port HDMI et un autre USB-C pour alimenter le tout.

Test Samsung DeX

Notez qu’il vaut mieux utiliser le chargeur fourni dans la mesure où la solution ne fonctionnera pas avec des chargeurs peu puissants. Au dos du DeX, des petites grilles font leur apparition quand le couvercle est relevé. Il s’agit en fait d’aérations, par lesquelles le ventilateur intégré au boîtier évacue la chaleur. Ce ventilateur s’est assez régulièrement déclenché lors de nos tests, mais il reste dans l’ensemble peu audible. Quant au smartphone, il n’a jamais chauffé outre mesure, quel que soit le type d’activité auquel nous l’avons soumis en mode DeX.

Test Samsung DeX

Dès que le Galaxy S8/S8+ trouve sa place dans le dock, l’appareil passe automatiquement en mode DeX. Son propre écran n’est alors plus utilisable et tout se passe sur l’afficheur externe. Vous pouvez décider de sortir le son soit sur le smartphone, soit sur l’écran. La cuve formée par le bas du boîtier dans lequel repose le mobile fait d’ailleurs office de caisse de résonance. Dans ce dernier cas de figure, le résultat reste loin de celui d’une bonne petite enceinte portable, mais le son en provenance du téléphone s’en trouve tout de même amélioré. Un clavier et une souris s’avèrent indispensables pour contrôler la solution.

Il peut s’agir de périphériques Bluetooth ou filaires, à brancher sur les ports USB du boîtier donc. Même les périphériques avec dongle sont compatibles. Quelle que soit la solution choisie, tout fonctionne correctement, de manière simple et efficace. Il y a tout de même des cas où – pour une raison qui nous échappe -, le système ne passera pas automatiquement en azerty pour le clavier externe. Mais cela se corrige très facilement depuis les paramètres. De même, si le son fonctionne parfaitement, il peut arriver que la sortie audio de votre écran ne soit pas prise en compte d’emblée. Dans ce cas, un petit tour par les réglages arrangera là encore le problème. Enfin, toutes les fonctions téléphoniques restent totalement accessibles. Il est donc possible de prendre les appels (en mains libres) et de gérer les SMS même en mode DeX.

Test Samsung DeX

L’ergonomie logicielle

Passons maintenant à la partie logicielle. La grande force de DeX est de transformer l’interface du smartphone en une version pensée pour les écrans plus grands. Concrètement, on retrouve bien sûr toutes les fonctions des S8/S8+, mais qui sont logiquement plus éclatées dans l’interface. Cette dernière n’est d’ailleurs pas sans faire penser à celle de Chrome OS. DeX n’apporte donc aucune fonctionnalité supplémentaire à proprement parler, et se « contente » de tout réagencer. Mais il le fait admirablement bien, de sorte qu’on a vraiment l’impression d’être sur un ordinateur de bureau sous Linux, ou Chrome OS donc. L’interface se compose principalement d’un bureau, sur lequel il est possible de placer des applications, des dossiers et des raccourcis vers des fichiers de toute sorte. On peut ouvrir une multitude de fenêtres simultanément, les bouger à loisir ou encore modifier leur taille. Comme sur un ordinateur classique, donc.

Test Samsung DeX
Test Samsung DeX

On retrouve aussi les fonctions habituelles d’Android, avec le gestionnaire des applications actives – lui aussi présenté dans une vue adaptée -, ou encore le tiroir de toutes les applis installées dans l’appareil. Les programmes en cours d’exécutions s’affichent dans la partie centrale de la barre de tâche. Sur sa droite, Samsung a déporté la barre de notifications et les raccourcis de contrôle de certaines fonctions du téléphone (GPS, luminosité, données mobiles, Wi-Fi, etc.). Pour peu que vous ayez déjà manipulé un ordinateur, vous vous habituerez très vite à cette interface simple, épurée et très fonctionnelle. D’autant plus que le clic droit affiche ici aussi un menu contextuel. On apprécie aussi la fluidité assez irréprochable de l’ensemble. Mais de là à dire que DeX peut dès aujourd’hui remplacer un PC ou un Mac, il y a un pas que nous ne franchirons définitivement pas.

Test Samsung DeX

La faute à un manque d’optimisation des applications. Samsung propose bien sûr la plupart des applis et services essentiels nativement, de sorte que sa solution reste très intéressante pour qui n’a pas de besoins poussés. Par exemple, si votre usage à l’endroit où vous souhaitez installer le DeX consiste à de la navigation Web, la gestion des emails et autres réseaux sociaux, la solution de Samsung vous suffira sans doute amplement. Le navigateur Web que le constructeur embarque dans les Galaxy S8/S8+ se montre complètement optimisé pour le mode plein écran. Il est même meilleur que Google Chrome dans cet exercice, bien que ce dernier ne démérite pas. Mais il peut se révéler un peu frustrant en lançant très régulièrement des sites en version mobile.

Test Samsung DeX
Dans le cas de YouTube, l’appli se lance en mode tablette…
Test Samsung DeX
… et mettre la vidéo en plein écran ne lui permet pas d’occuper plus d’espace.

La plupart du temps, il suffit d’aller dans les options et de cocher la case « voir la version ordinateur » pour que tout rentre dans l’ordre. Mais cela implique quelques clics de plus, ce qui n’est pas non plus dramatique dans l’absolu. D’autant que l’écrasante majorité des sites et des services Web les plus usités comme les webmails, les sites de streaming vidéo, les sites de banques, etc. fonctionnent ici parfaitement en mode « bureau ». Le seul récalcitrant notable que nous avons rencontré est Netflix, pour lequel il nous a été impossible de lancer la lecture d’une vidéo, et ce tant sur Chrome que sur Samsung Internet. Ce qui aurait été sans conséquence si l’application avait fonctionné correctement sur DeX. Il s’agit là du défaut le plus gênant de la solution à date, et il ne touche malheureusement pas que Netflix.

Test Samsung DeX
Pour faire simple : à l’exception des applis natives optimisées, beaucoup d’autres s’affichent dans une fenêtre occupant seulement un quart de l’écran. C’est évidemment embêtant pour les services de vidéo, mais pas seulement. Pour toutes les autres, cela signifie aussi que vous n’aurez droit qu’à la version mobile de l’appli, pas optimisée pour profiter de l’espace d’affichage supplémentaire. Impossible de vous dire ici précisément lesquelles sont concernées, car c’est vraiment du cas par cas. Une appli comme MyCanal fonctionne elle d’emblée très bien avec DeX.

Test Samsung DeX
En lançant YouTube directement depuis le navigateur Web, il est possible de visionner les vidéos en plein écran.

Pour profiter au mieux de la vidéo, il existe néanmoins un moyen de « ruser », en repassant en mode recopie d’écran, simplement en cliquant sur un bouton dans l’interface. On a alors droit à la recopie pure et simple de l’écran en mode smartphone. Il devient ainsi possible par exemple de passer l’application Netflix en plein écran. C’est également le seul moyen de profiter des vidéos en 4K, le mode DeX ne gérant que jusqu’au Full HD 1080p. Au-delà de ce problème qui pourra être réglé si les développeurs d’applications y mettent de la bonne volonté, il reste un autre écueil plus existentiel pour le DeX : sa raison d’être.

Pour qui ?

Car si la solution est prometteuse sur le long terme et d’ores et déjà aboutie sur certains points, elle affiche tout de même quelques lacunes irritantes, qui pourraient refroidir quelques ardeurs. Avant de continuer, précisons tout de même qu’elle est bien plus réussie que le Continuum de Microsoft.

Mais se pose d’abord la question de savoir à qui DeX pourrait convenir. Si les ordinateurs portables ont le vent en poupe depuis une dizaine d’années, c’est bien parce que le commun des mortels ne voulait plus se retrouver coincé devant un ordinateur fixe chez lui, après avoir potentiellement passé la journée dans cette même position au bureau. Cela pourrait donc en rebuter certains. Mais nous laissons l’appréciation de ce point à votre discrétion, en fonction de vos besoins. DeX pourrait sans doute plus convenir à des professionnels très mobiles, et qui n’ont pas besoin de toute la richesse applicative et fonctionnelle offerte par les « vrais » ordinateurs. Avec la possibilité d’avoir toujours sur eux toutes leurs données, sous forme mobile ou desktop selon les situations. Pour les autres, à vous de voir si en fonction de tous les points soulevés au cours de ce test, DeX peut vous convenir ou non, sachant qu’il n’ira qu’en s’améliorant avec le temps et que les problèmes d’affichage d’applications se résoudront sans doute au passage.

Enfin, extrapolons un peu pour finir : pour nous, DeX aurait été davantage en phase avec son époque s’il avait été intégré à un format d’ordinateur portable. Si Samsung parvient un jour à proposer la même offre logicielle adossée à une coque au format PC portable avec écran + clavier, on ne se posera plus la question de savoir à qui elle s’adresse puisqu’elle intéressera potentiellement beaucoup de ceux qui ont un ordinateur portable.

Conclusion

Il est bien difficile de noter une solution comme DeX. Si on la compare à toutes les tentatives précédentes du genre, notamment chez Motorola et Microsoft, alors oui, l’essai de Samsung est d’ores et déjà une franche réussite. Pour les applications les plus classiques du quotidien (Web, email, réseaux sociaux, etc.), le constructeur coréen propose dès aujourd’hui quelque chose de parfaitement fonctionnel, sans compromis et avec une belle fluidité à la clé. Mais si vous avez lu l’ensemble du test, vous savez déjà que la formule est encore loin d’être parfaite, du fait de nombreuses applications populaires qui ne sont pas encore optimisées et qui s’affichent en format mobile. Et rien ne garantit que tous les développeurs prendront la peine de les mettre à jour pour les rendre compatibles avec DeX. Toutefois, dans la mesure où la solution s’adresse à l’un des smartphones Android qui devraient le plus se vendre cette année, l’optimisme est quand même permis sur ce point. Au final, si vous possédez un Galaxy S8/S8+, un clavier, une souris et un écran, le prix assez raisonnable du boîtier fait qu’il est assez tentant de se laisser séduire, ne serait-ce que « pour voir ». Mais ne perdez jamais de vue qu’un ordinateur reste infiniment plus efficace pour absolument tous les types de tâches.

Article rédigé par
Sofian Nouira
Sofian Nouira
Journaliste
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